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Déjà sous pression, Stellantis s’écroule en Bourse

La maison-mère de Peugeot, Citroën ou Fiat poursuit sa dégringolade et annonce ce lundi 30 septembre des marges et flux de trésorerie encore moins bons que prévu. Le PDG, Carlos Tavares, ne résistera pas à la situation du groupe.
Le géant de l’automobile annonce une chute de sa marge opérationnelle courante, désormais prévue entre 5,5 % et 7,0 % pour l’exercice 2024. (Stephane Mahe/REUTERS)
publié le 30 septembre 2024 à 13h08

Les nuages continuent de s’amonceler dans le ciel de Stellantis. Ce lundi 30 septembre, le géant de l’automobile annonce une chute de sa marge opérationnelle courante, désormais prévue entre 5,5 % et 7,0 % pour l’exercice 2024, alors qu’elle était initialement envisagée à «deux chiffres». Le flux de trésorerie disponible industriel, qui devait être positif, devrait désormais être compris entre -5 et -10 milliards d’euros. L’objectif de ces prévisions ajustées, selon la firme : «Corriger les problèmes de performance en Amérique du Nord, ainsi que la détérioration de la dynamique du secteur automobile mondial», expose-t-elle dans un communiqué ce lundi matin. De quoi donner du boulot au PDG, Carlos Tavares, alors que Stellantis a lancé sa succession, dont le mandat s’achève début 2026.

Accumulation de problèmes pour l’entreprise

Concrètement, ces annonces doivent notamment traduire une baisse des ventes en Amérique du Nord de plus de 200 000 véhicules au second semestre 2024 (contre 100 000 selon les prévisions antérieures) par rapport à la même période de l’année précédente, ainsi qu’une multiplication des promotions sur les véhicules sortis en 2024. La situation tendue en Amérique du Nord est responsable à elle seule des deux tiers de la réduction de la marge opérationnelle courante. Résultat : l’action Stellantis a sombré de plus de 14 % à Paris à 10h30, au plus bas depuis octobre 2022.

Hormis les résultats en Amérique du Nord, qui seraient la principale raison du couperet qui va s’abattre sur la tête de Carlos Tavares – même si un porte-parole qualifiait ce processus de succession de démarche «normale» –, le groupe des marques Peugeot, Citroën, Fiat, Jeep, Lancia ou encore Opel accumule les problèmes. Sur l’électrique, les modèles de Peugeot actuels et futurs peinent à convaincre face à ceux d’autres marques, notamment de Renault. En Italie, secrétaire général du syndicat Uilm, Rocco Palombella, a promis «une grève historique, comme il n’y en a pas eu depuis plus de quarante ans» dans les usines du groupe, les représentants des salariés protestant contre la chute de la production et le «désengagement» du constructeur. Parmi les rares rayons de soleil pour la boîte : l’association avec le constructeur chinois Leapmotor pour assembler le véhicule chinois en Europe de l’Est, espérant ainsi contourner les restrictions d’aides et les taxes contre les voitures du pays asiatique.

Le secteur craint des amendes de l’UE

Stellantis n’est pas la seule boîte européenne dans la panade. En fin de semaine dernière, Volkswagen a fait état de ventes et prévisions financières en baisse, alors qu’elle a annoncé devoir fermer deux usines en Allemagne, après avoir sonné le glas de son site Audi à Bruxelles. Tesla, de son côté, peine à enrayer la chute de ses ventes, en particulier en Europe. Les groupes BMW, Mercedes, eux pour leur recul en Chine, et Volvo ont également abaissé leurs prévisions de bénéfices le mois dernier. Et plus généralement, sur le Vieux Continent, les ventes de voitures neuves dégringolent, avec un secteur électrique à la peine. Le secteur craint également les probables milliards d’euros d’amendes que l’UE pourrait leur infliger en raison de règles plus strictes en matière d’émissions de CO2 l’an prochain. Pas de quoi consoler la direction de Stellantis, ni de rassurer ses salariés.