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Des employés d’Amazon au Royaume-Uni entament un bras de fer pour les salaires avant le Black Friday

Les travailleurs de l’entrepôt de Coventry, dans le centre de l’Angleterre, déclenchent un mouvement social ce mardi 7 novembre, prévoyant aussi de débrayer le 24, jour du Black Friday.
Un carton d'Amazon au Royaume-Uni. (SamBurt/Getty Images)
publié le 6 novembre 2023 à 17h41

Plus de 1 000 travailleurs d’un entrepôt d’Amazon à Coventry, dans le centre de l’Angleterre se mettront en grève du 7 au 9 novembre. Un mouvement est également attendu le 24 novembre, jour du Black Friday d’après des annonces d’employés lors du sommet Make Amazon Pay, le 27 octobre.

Le syndicat GMB a annoncé que les travailleurs quitteront le site de Coventry, dans le centre de l’Angleterre, dans le cadre d’un conflit de longue date sur les salaires qui a mené à plusieurs actions depuis le début de l’année. En cause, l’offre d’une augmentation horaire de 1 livre sterling, jugée insuffisante par GMB «après que des millions ont été dépensés par Amazon pour lutter contre leurs propres employés au sujet des droits syndicaux au sein de l’entreprise», dixit le syndicat.

Fixé à 10,50 livres sterling plus tôt cette année, depuis le 15 octobre, le salaire horaire minimum de départ pour les employés est passé à 11,80 livres sterling, d’après la BBC. Il devrait augmenter de nouveau à 12,30 livres de l’heure en avril prochain, d’après Amazon. Loin des 15 livres sterling demandés par les employés en grève.

«Nos collègues sont parmi les plus talentueux du monde et nous sommes fiers de leur offrir des salaires et des avantages compétitifs, ainsi que de fantastiques possibilités d’évolution de carrière, le tout dans un environnement de travail sûr et moderne», estimait pourtant le mois dernier John Boumphrey, directeur d’Amazon au Royaume-Uni, dans une déclaration publiée sur le site britannique d’Amazon.

Rachel Fagan, l’une des représentantes de GMB, justifie l’action par un «manque d’écoute des dirigeants d’Amazon». La grève portera d’après le syndicat à 30 le nombre de jours perdus par Amazon à cause des syndicats, annoncent les travailleurs. Car le mouvement de Coventry est déjà bien ancré, en débutant dès le mois de janvier, entre revendications liées aux conditions de travail, aux salaires et à la hausse du coût de la vie. Mais la ville anglaise est loin d’être seule dans son combat.

Une mobilisation plus large

D’autres faits sont reprochés par les employés d’Amazon. Sur la page Make Amazon Pay, les travailleurs déplorent que «la principale division britannique d’Amazon n’ait pas payé d’impôt sur les sociétés [au Royaume-Uni] pour la deuxième année consécutive». Mais également l’impact écologique de la société. Sur le même site, on peut ainsi lire : «Bien qu’Amazon a célébré une baisse de 0,4 % de ses émissions totales en 2022, il lui faudra attendre 2 378 pour atteindre l’objectif fixé (par l’entreprise) pour 2040, à savoir des émissions nettes nulles.»

L’an passé, une grève du même genre avait déjà eu lieu pour la journée du Black Friday. Déjà à Coventry, mais aussi aux Etats-Unis, en Allemagne, en Argentine, en Inde, ou en France parmi bien d’autres. En France justement, durant la réforme des retraites, une vague de contestatiah bien vu l’on se faisait entendre lors de négociations annuelles obligatoires de salaire.

En août 2022, ce sont les employés d’un autre entrepôt d’Angleterre, à Tilbury, qui sortaient le piquet de grève face à une augmentation horaire de 35 pence proposée par Amazon, contre les 2 livres demandés par les travailleurs. Aux Etats-Unis, une vingtaine d’entrepôts ont également connu des manifestations de la part de livreurs, qui estimaient être payés «moitié moins que les livreurs d’autres compagnies pour le même travail», d’après le syndicat Teamsters. Fin mai, à Seattle aux Etats-Unis, un mouvement avait été lancé devant le siège d’Amazon, où 1 000 employés, selon les syndicats, défilaient pour témoigner de leur manque de confiance envers leurs dirigeants.

Du côté du géant américain, on va avoir du mal à justifier de tels salaires par un manque de moyen. Fin octobre, le géant américain a affiché 9,9 milliards de dollars de bénéfice net au troisième trimestre. Soit trois fois plus que sur la même période en 2022, grâce à un fort rebond des ventes sur sa plateforme. De juillet à septembre, l’entreprise de Jeff Bezos a réalisé un chiffre d’affaires de 143 milliards de dollars. Le géant américain de la vente en ligne compte également plus de 181 millions d’utilisateurs réguliers dans l’Union européenne, dont près de 35 millions en France, et y emploie plus de 150 000 personnes, d’après son premier «rapport de transparence» publié fin octobre.