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Dette : six mois après la rétrogradation de la France par Fitch, Moody’s maintient sa note

Moody’s n’a pas abaissé la note de la France ce vendredi 20 octobre au soir. Bruno Le Maire se félicite de «la crédibilité de la signature souveraine française».
Bruno Le Maire, lundi, à Paris. (Miguel Medina/AFP)
publié le 21 octobre 2023 à 7h52

Six mois après la rétrogradation de sa note par Fitch, la France passait ce vendredi 20 octobre sur le gril de l’agence de notation Moody’s, chargée d’évaluer sa dette. Finalement, l’agence n’a pas revu sa note attribuée à la France, celle de «Aa2», l’une des meilleures possibles, signe que le pays reste très crédible aux yeux des marchés. Cette note est assortie d’une perspective «stable», ce qui signifie que Moody’s n’envisage pas de la modifier pour l’heure.

«La décision de Moody’s de maintenir la note de la France témoigne de la crédibilité de la signature souveraine française, se félicite le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire. Elle conforte notre volonté de poursuivre le désendettement de la France et de respecter la trajectoire définie par le président de la République, et matérialisée par la loi de programmation des finances publiques. Ma détermination à rétablir les finances publiques est totale.»

Moody’s est la première agence à se pencher de nouveau cette année sur la note française, avant Fitch le 27 octobre et Standard & Poor’s (S & P) le 1er décembre. Leurs décisions sont à chaque fois scrutées par le politique comme les institutions financières. S’il a entraîné peu de conséquences sur les marchés, l’abaissement de la note financière de la France par Fitch à «AA-» (une note qui reste très élevée) avec une perspective «stable» en avril avait été un coup de semonce. Fitch avait notamment évoqué «des déficits budgétaires importants et des progrès modestes» concernant leur rétrogradation, après trois ans d’abondantes dépenses publiques destinées à amortir le choc du Covid-19 et de l’inflation, et les tensions sociales autour de la réforme des retraites.

Quelques semaines plus tard, la France échappait de peu à une révision à la baisse de la note «AA» (la troisième meilleure possible) attribuée par S & P, considérée comme la plus influente des trois. Mais l’agence n’avait pas non plus touché à la perspective «négative», qui signifie qu’un abaissement de la note est possible. S & P avait relevé des «risques» relatifs à l’exécution des objectifs budgétaires, comme «l’absence de majorité absolue» au Parlement. Depuis ces dernières actualisations, «l’aspect politique est à peu près stabilisé», analyse l’économiste et consultant indépendant Norbert Gaillard, notant que les agences ont mis au crédit de la France les réformes du marché du travail et des retraites.

«Crédibilité»

Mercredi 17 octobre, le gouvernement a engagé sa responsabilité une treizième fois pour faire adopter au Parlement la partie «recettes» du budget, l’opposition annonçant dans la foulée deux motions de censure. Alors que la dette a dépassé les 3 000 milliards d’euros et que le déficit est largement hors des clous européens, le texte prévoit au moins 16 milliards d’euros d’économies – résultant principalement de la fin de mesures exceptionnelles, comme le bouclier tarifaire pour l’électricité. Mais certaines projections économiques sont jugées optimistes par certains économistes et organisations.

Le ministère mise sur une croissance économique de 1 % cette année, puis de 1,4 % en 2024. Il prévoit de ramener le déficit public de 4,9 % du PIB en 2023 à 4,4 % en 2024, puis à 2,7 % en 2027. L’endettement resterait stable à 109,7 % du PIB en 2024, pour atteindre 108,1 % en fin de quinquennat. «Normalement, le projet de budget est de nature à rassurer les agences, sauf si elles mettent en doute sa crédibilité», remarque Eric Dor, directeur des études de l’IESEG School of Management.

Le ralentissement de la croissance pourrait toutefois avoir un impact défavorable sur les recettes budgétaires, et la charge de la dette dans les dépenses pourrait s’accroître avec une nouvelle augmentation des taux de la Banque centrale européenne (BCE) lors de sa réunion du 26 octobre. La France prévoit par ailleurs d’emprunter un montant record de 285 milliards d’euros sur les marchés en 2024.