Opella, la filiale de Sanofi spécialisée dans les produits sans ordonnance et notamment le Doliprane, sera bien vendue à 50 % au fond américain CD & R, mais va aussi faire l’objet d’un accord tripartite incluant l’Etat. C’est ce qu’a confirmé lundi le ministre de l’Economie, Antoine Armand lors d’une conférence de presse, en précisant que l’Etat a obtenu «des garanties» sur l’emploi, la production et le développement de la filiale, assorti d’importantes pénalités en cas de manquement. «L’Etat, via Bpifrance, sera actionnaire pour y veiller», a-t-il ajouté, confirmant une information du Figaro publiée un peu plus tôt dans la soirée.
Une opération confirmée par le groupe pharmaceutique français ce lundi 21 octobre au matin : «Sanofi et CD & R sont entrés en négociations exclusives pour la cession et l’acquisition potentielles d’une participation de contrôle de 50 % dans Opella», selon un communiqué de la firme, qui précise que l’offre de CD & R est «ferme et entièrement financée».
La valorisation d’Opella est basée sur une valeur d’entreprise d’environ 16 milliards d’euros, souligne Sanofi. La banque publique d’investissement, Bpifrance, «devrait participer en tant qu’actionnaire minoritaire à hauteur d’environ 2 %», précise Sanofi dans son communiqué. Dans ce projet, Sanofi devrait rester «un actionnaire significatif», est-il assuré dans le texte.
40 millions d’euros d’amende en cas d’arrêt de la production en France
L’Etat a imposé des garanties sur «la pérennité des sites de production de Lisieux et Compiègne, avec des engagements fermes sur le maintien d’un niveau minimum de valeur ajoutée produit sur ces sites pendant cinq ans» et une pénalité «pouvant s’élever jusqu’à 40 millions d’euros s’appliquera en cas d’arrêt de la production sur ces deux sites». Autre engagement, le maintien du siège et des activités de recherche et développement en France ainsi que «la protection de l’emploi en France avec notamment une pénalité de 100 000 euros par emploi supprimé par licenciement économique contraint». Sanofi et CD & R s’engagent en outre sur «un objectif précis d’investissement de 70 millions d’euros cumulés sur les cinq prochaines années» avec une pénalité financière en cas d’écart, ainsi que sur un volume minimal de production du Doliprane, du Lanzor et de l‘Aspegic, toujours sous peine d’amende. Par ailleurs, Opella s’engage aussi à maintenir son approvisionnement auprès de fournisseurs et sous-traitants français, en particulier le producteur du principe actif du paracétamol, le groupe Sequens, par un contrat de fourniture à long terme. «A défaut, une pénalité pouvant atteindre 100 millions d’euros est prévue.»
L’offre améliorée, annoncée jeudi, d’un autre candidat au rachat, le fonds d’investissement français PAI Partners, adossé à des investisseurs internationaux, n’a donc pas abouti. CD & R, avec lequel Sanofi est entré en discussions le 11 octobre, est un gros fonds américain qui investit en France depuis une quinzaine d’années (notamment dans Rexel, Spie, Socotec, But et Conforama) et soutient plusieurs entreprises pharmaceutiques comme Inizio et Sharp. Le groupe pharmaceutique assure depuis le premier jour que «ce projet n’aura pas d’impact sur l’emploi en France» et qu’il a vocation à faire grandir Opella en s’appuyant sur un partenaire financier prêt à investir dans ce marché plus proche de la grande consommation que de l’activité pharmaceutique.
Les syndicats craignent une «casse sociale» dans les 1 700 emplois que compte Opella sur le sol français, dont 480 sur son site de Compiègne (Oise) et 250 dans son usine de Lisieux (Calvados), dédiée au médicament le plus vendu en France.
Mise à jour : ce lundi 21 octobre à 9h27 avec les déclarations des ministres de Bercy