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Droits de douane de Trump sur l’automobile : les constructeurs européens et asiatiques dégringolent en Bourse

Face à la future imposition de 25 % de droits de douane sur les voitures importées par les Etats-Unis, le secteur s’est réveillé dans le rouge du côté des marchés financiers. Reste la question de l’impact social de ces décisions.
Dans l'usine BMW de production de voitures de Munich, le 25 septembre 2024. (Mathias Zwick/Inland pour Libération)
publié le 27 mars 2025 à 11h47

Les acteurs financiers et grandes entreprises ont multiplié les louanges au retour au pouvoir de Donald Trump, nombre d’entre elles reniant même leurs engagements environnementaux ou sur la diversité pour ne pas déplaire à la nouvelle administration des Etats-Unis. Ce jeudi 27 mars, ce sont pourtant les annonces du président américain – à savoir l’imposition de 25 % de droits de douane supplémentaires pour les voitures importées – qui en font dégringoler certaines en Bourse. Volkswagen, Stellantis, BMW, Mercedes, General Motors, Ford… Tous les constructeurs mondiaux s’effondrent. Une heure après l’ouverture des marchés, toutes leurs actions sont en baisse de 4 % à 5 %, sauf Volkswagen, qui limite la casse à -3 %.

Les géants de l’auto asiatiques sont également dans le rouge. Les coréens Hyundai et Kia, les japonais Nissan, Honda et Mazda baissent, dans le sillage du plus grand constructeur mondial, Toyota. Pour la réaction des investisseurs concernant les marques américaines, il faudra en revanche attendre le milieu de journée. Mais, après clôture, General Motors perdait 8 %, Ford 4,5 % et même Tesla 1,3 %, alors que ses voitures vendues sur le sol américain y sont fabriquées. Mais les pièces détachées, à commencer par les batteries, ne le sont pas.

Porsche et Mercedes particulièrement touchés

Le contour exact des droits de douane est encore flou, mais selon des calculs de Bloomberg, deux constructeurs seront particulièrement touchés : Porsche et le groupe Mercedes, à hauteur de 3,4 milliards d’euros en cumulé, de quoi absorber un quart du bénéfice annuel des boîtes en 2026.

L’autre question réside dans les pièces détachées. Trump dit qu’il refusera de négocier, de quoi surenchérir le coût de production d’un véhicule d’environ 4 000 dollars en moyenne, voire de 12 000 dollars pour une voiture électrique fabriquée aux Etats-Unis. Les deux équipementiers français Forvia et Valeo perdent respectivement 2,5 % et 5 %.

Quelles conséquences sur les emplois ?

Au-delà de la perte de capitalisation pour ces entreprises, inquiètes de l’impact des décisions de Donald Trump, l’inquiétude porte surtout sur les pertes d’emplois, après la chute du marché en Chine pour les constructeurs européens et les conséquences de l’électrification des moteurs. Déjà, Volkswagen a annoncé 35 000 emplois en moins d’ici 2030, Audi 7 500 avant 2029, un millier d’emplois en France pour Valeo…

Trump espère en revanche que ses annonces permettront de relocaliser. «Nous saluons l’action de l’administration Trump pour mettre fin au désastre du libre-échange qui a dévasté les communautés ouvrières pendant des décennies, a réagi Shawn Fain, le président du principal syndicat automobile américain, l’UAW. L’administration Trump a marqué l’histoire avec les mesures prises aujourd’hui.» Le dirigeant syndical ajoute en revanche que le Président doit aussi «garantir les droits syndicaux des travailleurs de l’automobile partout dans le monde», mettre en place «une retraite décente» et «des soins de santé pour tous les travailleurs, notamment via Medicare et Medicaid». «L’UAW a été clair : nous collaborerons avec tout politicien, quel que soit son parti, qui sera prêt à inverser des décennies de recul de la classe ouvrière, à l’époque la plus rentable de l’histoire de notre pays», a conclu Shawn Fain. Les Bourses mondiales et le dirigeant syndical ne semblent pas partager la même analyse.