Menu
Libération
Guerre commerciale

Droits de douane : le laboratoire AstraZeneca veut investir 50 milliards de dollars aux Etats-Unis

En réponse à Donald Trump qui menace de rehausser les taxes sur les produits pharmaceutiques de 200 %, les géants du secteur annoncent des investissements gigantesques sur le sol américain.
Le siège d'AstraZeneca à Shanghai, China on June 27, 2025. (Photo by Wang Gang / CFOTO via AFP) (Wang Gang/CFOTO. AFP)
publié le 22 juillet 2025 à 10h35

La menace de Donald Trump d’imposer une surtaxe au taux exorbitant de 200 % sur les produits pharmaceutiques semble fonctionner. Le président des Etats-Unis l’avait à nouveau brandie le 8 juillet, précisant alors qu’il attendrait un an pour la mettre en œuvre, le temps que les laboratoires implantent des usines aux Etats-Unis. Deux semaines plus tard, le géant pharmaceutique anglo-suédois AstraZeneca a annoncé son intention d’investir 50 milliards de dollars d’ici à 2030 dans le principal marché pharmaceutique mondial.

Alors qu’AstraZeneca réalise déjà plus de 40 % de son chiffre d’affaires mondial aux Etats-Unis, il compte porter cette part à 50 % dans cinq ans. Son directeur général, le Français Pascal Soriot, est cité dans le communiqué publié dans la nuit de lundi à mardi annonçant cet investissement. Ce dernier, écrit-il, «renforce notre confiance dans l’innovation américaine sur les produits biopharmaceutiques et notre engagement envers les millions de patients qui ont besoin de nos médicaments en Amérique et dans le monde».

Le laboratoire compte notamment construire une nouvelle usine dans l’Etat de Virginie, qui sera «le plus important investissement mondial d’AstraZeneca dans le domaine de la fabrication» de médicaments, et renforcer plusieurs centres de recherche et de développement. Selon le quotidien britannique The Times le mois dernier, son patron réfléchit par ailleurs à transférer à New York la cotation du groupe pharmaceutique, première capitalisation de la Bourse londonienne.

«Faiblesse structurelle»

L’administration Trump a applaudi l’annonce. Howard Lutnick, le secrétaire d’Etat au Commerce, salue la décision dans le même communiqué. «Depuis des décennies, les Américains dépendent de l’approvisionnement étranger en produits pharmaceutiques essentiels. Le président Trump et les nouvelles politiques tarifaires de notre pays visent à remédier à cette faiblesse structurelle», considère-t-il.

Plusieurs groupes pharmaceutiques ont annoncé ces dernières semaines le renforcement de leur production aux Etats-Unis. 27 milliards de dollars pour Eli Lilly, 55 milliards sur les quatre prochaines années pour Johnson & Johnson. Le groupe allemand Merck a inauguré une usine de fabrication de vaccins en Caroline du Nord, un projet évalué à 1 milliard de dollars. Le géant pharmaceutique suisse Novartis a également annoncé jeudi investir 23 milliards de dollars aux Etats-Unis sur cinq ans pour y fabriquer les principaux médicaments destinés aux patients américains.

En avril, les dirigeants d’une trentaine de laboratoires pharmaceutiques de toutes tailles avaient écrit à la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, une lettre aux allures de chantage : seules des mesures favorables à leur secteur en Europe (de la révision de la politique des prix des médicaments à la baisse des exigences réglementaires environnementales) empêcheraient «l’exode» des investissements du secteur vers les Etats-Unis.