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Libération
Le verre à moitié plein

Droits de douane : l’économie mondiale tient bon... pour le moment

Le FMI s’attend à voir l’année se terminer avec une croissance mondiale à 3%, soit 0,2 point de pourcentage de mieux qu’en avril.
Le président américain Donald Trump et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen s'adressent à la presse après leur rencontre, à Turnberry, au sud-ouest de l'Écosse, le 27 juillet 2025. (Brendan Smialowski /AFP)
publié le 29 juillet 2025 à 16h29

Les courbes tiennent le coup. Malgré l’incertitude provoquée par les droits de douane mis en place par Donald Trump, l’économie mondiale semble pour l’heure résister, et faire mieux qu’anticipé il y a trois mois, selon la publication ce mardi 29 juillet des dernières prévisions de croissance du FMI.

A l’occasion de l’ultime actualisation de son rapport annuel sur l’économie mondiale, le Fonds monétaire international (FMI) insiste sur la difficulté de faire des prévisions solides, alors que l’annonce de potentiels accords commerciaux, comme récemment entre Washington et l’Union européenne (UE) pourrait faire évoluer la donne.

Malgré tout, l’institution s’attend à voir l’économie mondiale terminer l’année sur une note un peu plus positive qu’anticipé trois mois plus tôt, avec une croissance désormais espérée à 3%, soit 0,2 point de pourcentage (pp) de mieux qu’en avril.

Ce niveau de croissance viendrait cependant confirmer le ralentissement observé depuis deux ans puisque 2024 s’était terminé avec un PIB mondial en plus forte progression, de 3,3%. «Le choc provoqué par les droits de douane semble dans l’immédiat moins violent que ce que nous anticipions en avril», a souligné auprès de l’AFP le chef économiste du Fonds, Pierre-Olivier Gourinchas, en partie «du fait des pauses annoncées et de certains accords signés».

Récession évitée

Résultat : les droits de douane appliqués sur les produits entrant aux Etats-Unis sont en moyenne, au moment de la publication du rapport, de 17%, calcule le Fonds, une estimation proche de celle du Budget Lab de l’Université de Yale (17,5%), ce qui en fait les plus élevés au moins depuis les années 30.

Mais l’anticipation par les entreprises de ces surtaxes «a soutenu l’activité économique» car elles «ont constitué des stocks avant [leur] entrée en vigueur», même si «cela aura des conséquences» sur la croissance à venir, a averti Pierre-Olivier Gourinchas. «Ce que vous avez déjà en stock, vous n’aurez pas besoin de vous le procurer plus tard dans l’année ou l’année prochaine», souligne-t-il.

L’amélioration observée concerne avant tout les pays émergents, dont la croissance devrait en moyenne être 0,4pp plus élevée que lors de la précédente estimation, contre seulement +0,1pp pour les économies avancées. C’est notamment le cas pour les Etats-Unis, attendus désormais à 1,9% (+0,1pp), soit un coup de frein massif par rapport à 2024 (+2,8%), notamment du fait d’une inflation qui commence à «montrer des signes de prise en compte des droits de douane», a souligné Pierre-Olivier Gourinchas.

Au niveau européen, si la zone euro devrait faire un peu mieux cette année qu’anticipé en avril, à 1% (+0,2pp), ce ne sera pas grâce à ses principales économies. Les prévisions pour la France et l’Espagne restent en effet inchangées, avec respectivement +0,6% et +2,5%, quand elles sont revues de tout juste +0,1pp pour l’Allemagne, qui devrait éviter de peu la récession cette année (0,1% de croissance), et l’Italie, qui tourne toujours au ralenti (0,5% de croissance).

A l’inverse, les prévisions pour la Chine sont fortement revues en hausse (+0,8pp), pour revenir à un niveau plus proche de ce qui a été réalisé en 2024 (5% alors, 4,8% attendu pour 2025). Cela traduit notamment «la constitution de stocks» de produits chinois, en particulier aux États-Unis, selon l’économiste du FMI.

Une seule exception...

La Chine reste malgré tout «confrontée à des vents contraires», relève Pierre-Olivier Gorinchas, avec une «demande intérieure qui reste assez faible, une confiance des consommateurs ténue et un secteur de l’immobilier représentant toujours le point noir de l’économie chinoise, ce qui va peser sur la croissance tant en 2025 qu’en 2026».

Le Mexique voit également sa croissance revue à la hausse (+0,5pp) et devrait être en mesure d’éviter la récession, malgré des exportations largement touchées par les droits de douane. Les États-Unis sont son premier partenaire commercial.

Seule exception parmi les pays émergents : la croissance russe est largement revue à la baisse (-0,6pp) et devrait se situer sous 1% (0,9%) en 2025, très loin des 4,3% atteints en 2024. Cela s’explique par «la baisse des prix du pétrole», les effets d’une politique monétaire restrictive pour lutter contre l’inflation ainsi que des dépenses publiques en baisse.