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Libération
Guerre commerciale

Droits de douane : l’industrie cosmétique française très délicate à délocaliser

Les parfums et produits de soins ou de maquillage représentent près de 3 milliards d’euros d’exports vers les Etats-Unis. Mais l’emplacement de leurs sites de production et le made in France compliquent leur délocalisation.
Lindustrie cosmétique française réalise 3 milliards d'euros de ses ventes à l’exportation dont en direction des Etats-Unis. (Lou Benoist/AFP)
publié le 4 avril 2025 à 3h31

Les New-Yorkais devront s’y faire. Le petit flacon de 50 ml d’eau de toilette «Eau sauvage» de Dior, vendu jusqu’à présent 110 dollars dans le grand magasin Saks Fifth Avenue – l’équivalent des Galeries Lafayette –, passera à 133 dollars, si la hausse des droits de douane américains est intégralement répercutée. Jeudi 3 avril au matin, les principaux groupes français de cosmétiques ne se bousculaient cependant pas pour mettre au parfum observateurs et consommateurs quant à leur exposition sur le marché américain.

A commencer par le numéro 1 de l’Hexagone, l’Oréal, et ses 43,5 milliards d’euros de chiffre d’affaires à l’international dont 11,8 milliards en Amérique du Nord avec une progression de 5,5 % en 2024. Le géant français n’a pas souhaité commenter les conséquences de la décision trumpienne. Il semble néanmoins difficile d’imaginer que la hausse des droits de douane sera sans effets, puisque les Etats-Unis constituent le premier marché à l’exportation du groupe.

L’enjeu du made in France

Même silence chez Clarins, le spécialiste français des produits de soins qui réalise une partie – tenue confidentielle – de ses 2 milliards de chiffre d’affaires sur le territoire des Etats-Unis. A la différence de l’Oréal, il n’y possède aucun site de production, ce qui rend l’effet de ces mesures douanières encore plus violent. Aujourd’hui, l’industrie cosmétique française réalise les deux tiers de ses ventes à l’exportation dont 3 milliards en direction des Etats-Unis. La moitié de ce chiffre repose uniquement sur le secteur du parfum.

Or, il s’agit précisément de produits pour lesquels le made in France est déterminant pour déclencher des achats. La lavande de Provence, les citrons de Menton ou encore les algues de Bretagne peuvent difficilement trouver des substituts pour délocaliser une production de l’autre côté de l’Atlantique. Sans compter, comme l’explique un sous-traitant d’une grande entreprise de parfum, que les principes actifs comme dans l’industrie pharmaceutique viennent aussi de Chine.

Il apparaît également, selon la Fédération des entreprises de beauté, que la France est aussi un gros importateur de produits cosmétiques américains, ce qui ouvre la voie à d’éventuelles mesures de rétorsion.