Une «politique publique schizophrène». C’est ainsi que Camille Landais, chercheur à la London School of Economics et l’un des quatre auteurs de la dernière note du Conseil d’analyse économique (CAE), qualifie la fiscalité française des successions. A en croire les comparaisons internationales, la France se classe parmi les pays qui imposent le plus les héritages, avec un taux de 45% pour les patrimoines de plus de 1,8 million d’euros transmis entre parents et enfants, et de 60% pour les successions en ligne indirecte. Mais ce n’est que de l’affichage. Ainsi, le 0,1% des plus riches, ce que les économistes appellent le «haut de la distribution», recevront au cours de leur vie environ 13 millions d’euros de transmissions brutes et ne paieront qu’à peine 10% de droits de succession, selon le rapport. Tandis que «l’incidence des droits de succession est en réalité assez forte sur les classes moyennes supérieures, qui forment le bas du dernier décile des héritages».
Pour Camille Landais, le barème actuel n’est qu’un «tigre de papier» : «cette fiscalité est très progressive en théorie, mais, en réalité, elle l’est très peu avec les multiples dispositifs d’exonération et d’exemption utilisés de manière très agressive par le haut du patrimoine». Le pacte Dutreil (les abattements sur la transmission des biens professionnels), l’assurance-vie, ou le démembrement de propriét