La guerre totale de Poutine contre l’Ukraine a sonné le réveil d’une Europe de la défense qui s’était endormie sur ses lauriers depuis la chute du mur. De Paris à Berlin en passant par Rome et Madrid, les industriels de l’armement, qui donnaient jusqu’ici la priorité aux exportations d’armement faute de grosses commandes nationales, sont sommés aujourd’hui de se mobiliser pour fournir armes et munitions en grande quantité. D’abord aux Ukrainiens en première ligne à l’Est, mais aussi aux pays de l’UE, qui redécouvrent l’urgence de leur propre réarmement face à la menace redevenue très concrète d’un «conflit de haute intensité».
L'édito d'Alexandra Schwartzbrod
Au lendemain de l’invasion russe, l’Allemagne a décidé de débloquer 100 milliards d’euros d’ici à 2027-2028 pour rééquiper son armée… quitte à privilégier du matériel américain comme les avions de chasse F-35. L’objectif est de rendre la Bundeswehr «kriegstüchtig» («apte à combattre») de l’aveu même du ministre de la Défense, Boris Pistorius, ce qui en dit long sur son état d’impréparation. De son côté, la France, qui dispose de la première armée européenne – mais jusqu’ici essentiellement tournée vers les opérations extérieures (les «Opex») en Afrique – a décidé de porter son budget de défense annuel de 44 milliards d’euros en 2023 à 69 milliards en 2030. Tous ensemble, l