Ne recevoir qu’une seule fois un produit acheté paraît évident, et pourtant… L’autorité italienne de la concurrence (ACGM) a annoncé ce mercredi 24 avril avoir condamné deux entreprises du groupe Amazon à verser une amende de 10 millions d’euros pour pratiques commerciales déloyales. Le gendarme italien reprochait aux sociétés Amazon Services Europe et Amazon EU (basées au Luxembourg) d’avoir incité ses clients italiens à accepter des achats en ligne «récurrents» plutôt que «ponctuels».
Avec l’option «achat récurent» d’un produit – disponible dans le cadre du service «Subscribe and save» (Prévoyez et économisez en français) – leurs acheteurs vont les recevoir (mais aussi les payer) à de multiples reprises et à une certaine fréquence (de deux semaines à six mois d’intervalle). Un choix qui peut se montrer intéressant pour ne pas se retrouver à court de papier toilette et autre gel douche en milieu de semaine, et permettre à l’acheteur de faire quelques économies – de 5 à 15 % selon le produit. Mais c’est au client de valider lui-même cette option, or, en Italie, elle est «présélectionnée par défaut», déplore l’autorité de la concurrence.
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«En tant qu’opérateur majeur, Amazon est censé concevoir ses interfaces en ligne, en particulier celles liées aux processus d’achat, d’une manière qui permette aux consommateurs de prendre des décisions commerciales libres et éclairées», explique l’institution. En «profond désaccord», Amazon a fait appel de la décision. Pour l’entreprise, son système d’achat récurrent «Subscribe and save» aurait même permis de faire économiser 40 millions d’euros à ses clients depuis son lancement en Italie.
Le gendarme italien reproche également à Amazon son option «livraison rapide payée», cochée elle aussi par défaut, mais cette fois sans poursuites : la firme a accepté de la remplacer par la livraison standard et de dédommager les consommateurs qui s’en étaient plaints l’an passé.
La France épargnée par cette option
Cette stratégie, reconnue comme une pratique commerciale déloyale par l’autorité, ne concerne pas tout le monde. Dans la version française du site Amazon, l’offre «une seule livraison» (et donc un seul achat) est directement sélectionnée en consultant un produit. Au moment de la commande, c’est également la «livraison standard» qui est proposée par défaut, au tarif de 3,99 euros pour le produit concerné, contre 6,99 euros pour une livraison plus rapide.
On ignore dans combien de pays l’option «achat récurrent» est activée par défaut. Sur X (ex-Twitter), on a retrouvé plusieurs tweets, en anglais et datant de quelques années, fustigeant cette fonctionnalité. Certains internautes s’étonnaient notamment des produits proposés à la vente récurrente – qui veut recevoir un otoscope (un appareil pour inspecter le conduit auditif) tous les quinze jours ?
Amazon n’en est pas à ses premiers démêlés judiciaires en matière de politique commerciale. En septembre, c’était l’autorité américaine (FTC) qui attaquait le géant de la vente pour «stratégies anticoncurrentielles et déloyales pour maintenir illégalement son monopole» sur le commerce en ligne. L’entreprise était notamment accusée d’employer des «méthodes illégales qui visent à exclure les concurrents, à les empêcher de se développer, et à des alternatives d’émerger».