Apple doit répondre devant la justice de l’utilisation des enregistrements de son assistant vocal Siri. En France, la Ligue des droits de l’Homme (LDH), a déposé un signalement au procureur de la République de Paris ainsi qu’une plainte pour violation de la vie privée, traitement illicite des données personnelles et pratique commerciale trompeuse le jeudi 13 février, selon les informations du Monde et de la cellule investigation de Radio France.
La plainte, que les médias ont pu consulter, s’appuie sur les révélations du lanceur d’alerte Thomas Le Bonniec, 29 ans. Cet ancien analyste de données pour un sous-traitant de la marque à la pomme analysait chaque jour des enregistrements issus de Siri. Apple affirme que ce système permet l’amélioration du fonctionnement de son assistant vocal et la qualité des services et précise et que les données sont anonymisées. Mais Thomas Le Bonniec a publié des documents montrant que les analystes pouvaient identifier, par recoupement, le propriétaire d’un appareil.
«On entendait régulièrement des choses très intimes. Et on entendait aussi, de temps en temps, […] des gens qui ne savaient pas qu’ils étaient enregistrés à ce moment-là», affirmait le jeune homme à FranceInfo, en mai 2023. Il se souvient de discussions dans lesquelles «des personnes évoquent leur maladie, leurs opinions politiques, leur appartenance syndicale, leur sexualité».
Selon la Cellule investigation de Radio France, la plainte estime à plusieurs dizaines, voire centaines de millions le nombre d’enregistrements traités par l’ancien employeur du lanceur d’alerte. Apple évalue que Siri traite plus de 25 milliards de requêtes par mois dans le monde. Ses pratiques sont contraires au Règlement général sur la protection des données (RGPD) qui prévoit un consentement «éclairé» des utilisateurs avant toute collecte d’informations personnelles, justifie la LDH dans sa plainte.
«On est en train de parler d’un système de surveillance massif et généralisé. On parle de surveillance commerciale», lançait Thomas Le Bonniec, en 2023. Des faits qui posent aussi question aux Etats-Unis. La justice californienne doit rendre sa décision ce vendredi 14 février, dans une affaire similaire. Des usagers américains accusent la firme d’avoir enregistré, traité et conservé sans leur consentement leurs conversations privées, entre 2014 et 2024. La firme a toujours nié ces accusations. Mais elle propose d’ouvrir un fonds d’indemnisation pour dédommager de 20 dollars les possesseurs d’appareil Apple. Cet accord amiable doit être validé par les autorités judiciaires locales.