Le feuilleton Atos se poursuit. Après les déclarations du ministre de l’Economie et des Finances, Bruno Le Maire, dimanche 28 avril au soir, qui a dit avoir envoyé au géant informatique français, en grande difficulté financière, une lettre d’intention en vue d’acquérir toutes les activités souveraines du groupe, l’action d’Atos a bondi de 14% ce lundi 29 avril à la Bourse de Paris. Le groupe a affirmé dans la matinée accueillir «avec satisfaction» l’intérêt que lui accorde l’Etat. Dans un nouveau plan d’affaires dévoilé ce lundi, Atos a par ailleurs revu sensiblement en hausse ses besoins de financement, après un début d’année moins florissant qu’escompté au niveau de son activité.
L’ex-fleuron de la French Tech a précisé qu’il avait désormais besoin de 1,1 milliard d’euros de liquidités pour financer son activité en 2024-2025 (contre 600 millions d’euros estimés précédemment). Le groupe a dit vouloir réduire de 3,2 milliards d’euros sa dette brute, qui avoisine les 5 milliards, alors qu’il souhaitait initialement la réduire de moitié.
La veille, Bruno Le Maire a fait savoir sue le plateau de LCI qu’il souhaitait éviter que des activités stratégiques pour la France ne «passent dans les mains d’acteurs étrangers». Pour rappel, Atos possède notamment des supercalculateurs utilisés pour la dissuasion nucléaire et des contrats avec l’armée française. De nombreux responsables politiques, à droite notamment, réclament depuis plusieurs mois une intervention de l’Etat pour protéger les activités de la firme dirigée un temps par Thierry Breton, aujourd’hui commissaire européen.
Les activités concernées par la lettre d’intention de l’Etat recouvrent notamment ces supercalculateurs, des serveurs participant à l’intelligence artificielle (IA) et à l’informatique quantique ou encore des produits de cybersécurité, a appris l’AFP auprès du cabinet du ministre. Ce périmètre génère un chiffre d’affaires annuel de l’ordre de 900 millions d’euros, sur un total de près de 11 milliards d’euros pour l’ensemble du groupe Atos, et rassemble 4 000 salariés, essentiellement basés en France, a précisé la même source.
«Que l’Etat ne soit pas seul»
Dans ce dossier éminemment politique, l’Etat s’est déjà engagé à prêter 50 millions d’euros à l’entreprise pour l’aider à stabiliser sa situation financière et a acquis une «action de préférence» qui lui permet de mettre son veto à certaines opérations au niveau de Bull, filiale d’Atos qui construit ses supercalculateurs. Pour cette lettre d’intention, action qui n’est pas engageante, c’est l’Agence des participations de l’Etat qui mène l’opération sous l’autorité de Bruno Le Maire, a souligné ce dernier.
Le ministre a cependant dit souhaiter «que l’Etat ne soit pas seul» et espère rallier d’autres acteurs français pour cette opération. Sans donner leurs noms, il a expliqué qu’il pourrait s’agir d’entreprises opérant dans les domaines de la défense ou de l’aéronautique. Selon Bercy, «des discussions» seraient ainsi en cours «depuis plusieurs semaines» avec un certain nombre d’industriels «qui feraient sens en termes de développement de ces activités». En mars, pourtant attendu comme repreneur de la branche d’Atos qui regroupe les activités de cybersécurité et du big data, Airbus avait pourtant jeté l’éponge. Une deuxième fois après un premier refus en mars 2023.
L’entreprise a perdu 80 % de sa valeur boursière en un an
Etranglé par une dette de 4,6 milliards qu’il n’a pas les moyens de rembourser, Atos a repoussé au 3 mai la date butoir fixée à ses créanciers pour qu’ils lui fassent des propositions de refinancement. L’entreprise, qui a perdu 80 % de sa valeur boursière en un an, avait indiqué début avril être à la recherche de 1,2 milliard d’euros d’argent frais et vouloir diviser par deux sa dette, qui avoisine les 5 milliards d’euros, en la convertissant en actions. Le groupe, qui veut toujours conclure un accord de refinancement d’ici à juillet a vu ses revenus baisser de 11 % au premier trimestre.
Mise à jour ce lundi 29 avril à 08 h 25 avec la réaction d’Atos et son nouveau plan d’affaires ; à 9 h 15 avec la hausse de 14% de l’action.