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Libération
Noces de tech

Au salon Vivatech, Emmanuel Macron célèbre l’alliance franco-américaine entre Mistral et Nvidia

A l’occasion de la neuvième édition du rendez-vous parisien de la tech, ce mercredi 11 juin, le Président a enfoncé le clou de sa stratégie pour garantir la souveraineté de la France en matière d’IA, dans un contexte géopolitique tendu.
Emmanuel Macron au salon Vivatech à Paris, ce jeudi 11 juin 2025. (Sarah Meyssonnier/REUTERS)
publié le 11 juin 2025 à 19h24

Poignée de main chaleureuse, regard charmeur et sourire enjôleur… Lorsqu’Emmanuel Macron monte sur la scène principale du salon Vivatech de Paris ce mercredi 11 juin en début de soirée, le Président rayonne de plaisir. Pour cause, il rejoint deux boss de l’IA : Arthur Mensch, aux commandes de la pépite française Mistral et le géant américain des puces électroniques Nvidia. Deux sociétés qui, plus tôt dans la journée, ont officialisé un projet conjoint d’envergure : le lancement d’une plateforme cloud souveraine en Europe.

«Le partenariat annoncé aujourd’hui entre Nvidia et Mistral est à mes yeux historique», a salué le chef de l’Etat. Baptisée «Mistral Compute», hébergée et gérée en Europe, la future infrastructure IA, prévue pour 2026, sera dotée de «18 000 superpuces Blackwell», parmi les plus avancées de Nvidia. Et les plus coûteuses : comptez entre 30 000 à 70 000 dollars la pièce. D’après le Financial Times, l’entreprise française souhaiterait désormais lever un milliard de dollars supplémentaire.

Orange, BNP Paribas, SNCF… Plusieurs entreprises ont d’ores et déjà accordé leur confiance au projet. En appelant les entrepreneurs présents dans la salle à eux aussi «rejoindre cette alliance», Emmanuel Macron - qui pour l’occasion avait épinglé un petit coq rouge, symbole de la French Tech, à son costume - a insisté sur ce «game-changer». «Non seulement ce partenariat va augmenter votre souveraineté mais ça va vous permettre d’aller encore plus loin», a-t-il lancé.

Se tournant vers le patron de Nvidia, le chef d’Etat a par ailleurs tenté un appel du pied en affirmant vouloir désormais aussi assurer la production de puces informatiques en France. Une balle que Jensen Huang n’a pas immédiatement rattrapée au rebond.

Campus IA

Ce n’est pas la première fois que les noms des PDG de Mistral et Nvidia se retrouvent associés. En février, lors du Sommet sur l’IA, le président français levait déjà le voile sur un projet pharaonique, financé à hauteur de «30 à 50 milliards d’euros» par les Emirats Arabes Unis : la construction d’un campus IA. Il y a trois semaines, à l’occasion du Sommet Choose France cette fois, il en dessinait davantage les contours en révélant que l’infrastructure serait construite en Île-de-France, à partir de 2026. Et que le chantier serait chapeauté par quatre entreprises : le fonds émirati MGX, Bpifrance, Mistral AI et Nvidia.

Concrètement, ce campus - décrit comme le plus grand en Europe - a pour but de couvrir tout le cycle de vie de l’IA. De sa conception à sa mise en application. Il devrait notamment compter un data center géant, d’une capacité de calcul pouvant aller jusqu’à 1,4 gigawatt - soit presque autant que l’EPR de Flamanville. Mais aussi des centres d’éducation et de recherche.

Depuis des mois, un objectif est martelé par l’Elysée : il s’agit de renforcer la souveraineté technologique de la France et de l’Europe. Et ce, d’autant plus dans un contexte géopolitique tendu par les droits de douane canardés par Donald Trump. Dans ce contexte, Emmanuel Macron a rappelé vouloir travailler désormais en priorité avec des «solutions [technologiques, ndlr] européennes».

Des projets de data centers à foison

Pour s’émanciper des Etats-Unis, le président français court donc après les milliards. En février, déjà, le chef d’Etat annonçait avoir attiré 109 milliards d’euros d’investissements privés pour le développement de projets IA en France. Un chiffre incluant le budget du futur campus francilien. 17 milliards d’euros supplémentaires ont été débloqués pour le secteur lors du Sommet Choose France en mai.

Désormais, les projets de data centers - aussi précieux pour l’IA que catastrophiques pour l’environnement - s’alignent. A l’image du fonds canadien Brookfield, qui débourse 20 milliards d’euros pour en ériger un à Cambrai (Nord). Ou du géant américain de la logistique Prologis, qui lui compte en dépenser 6,4 milliards.

Pour continuer à tisser la toile de sa data industrie, le gouvernement a même mis en place une liste de 65 sites «propices» pour ce genre de construction. Des vastes plaines des Hauts-de-France aux côtes ensoleillées de la Provence-Alpes-Côte-d’Azur en passant par la vallonnée Auvergne Rhône-Alpes… Rares sont les régions qui, d’ici quelques années, ne verront pas quelques hectares de leur territoire être grignotés par l’algorithme.