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Libération
Chronique d'une faillite (1/3)

Bahamas, trahisons et bitcoins : aux prémices de FTX, «je me suis dit que ça avait l’air excitant»

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Après le crash de sa plateforme crypto, son fondateur Sam Bankman-Fried a été reconnu coupable de fraude. Ses anciens plus proches associés et copains de lycée ont tous témoigné contre lui à son procès en octobre. «Libé» chronique en série cette faillite, économique et sentimentale.
L'ancien directeur général de FTX, Sam Bankman-Fried, après une audience devant le tribunal fédéral de Manhattan à New York, le 3 janvier 2023. (Andrew Kelly/REUTERS)
publié le 10 novembre 2023 à 13h16

Crypto sur sable chaud et amours déçues, vous lisez le premier d’une série de trois épisodes retraçant la faillite de FTX. Au programme ce vendredi : les racines du naufrage, entre ambitions démesurées et altruisme mégalo.

Le rire nerveux de Caroline Ellison brise le lourd silence. Affalée dans un pouf en ce soir du 9 novembre 2022, la PDG du fonds spéculatif Alameda Research bafouille des aveux devant une trentaine d’employés estomaqués. Pour renflouer ses caisses, l’entreprise a illégalement «emprunté» des milliards de dollars dans les réserves des clients d’une plateforme d’échange de cryptomonnaies, FTX, partageant avec elle un même fondateur : Sam Bankman-Fried, dit «SBF». Le pactole de cette transaction incestueuse s’est ensuite volatilisé au gré de paris risqués. Tandis qu’à l’extérieur, les lumières des gratte-ciel hongkongais font oublier l’approche de minuit, un salarié interroge : «Est-ce qu’on parle plus d’1 milliard ou de 6 milliards ?» Nouveau rire gêné de la petite femme aux grandes lunettes : «Plutôt la seconde option.»

Les dégâts s’élèvent à plus de 8 milliards de dollars. Et trois jours après ces révélations faites en interne, Alameda, FTX et plus de 100 entités affiliées déposent le bilan. Près d’1 million de clients ayant un jour fait confiance à FTX pour garder au