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Tiroir-caisse

Boostés par l’Euro de foot et les JO, les jeux d’argent atteignent des sommets en 2024

Grâce aux grandes compétitions sportives qui ont rythmé l’été dernier, les opérateurs en ligne ont profité d’une année faste, battant au passage un record de chiffre d’affaires.
Le PBJ des paris sportifs en ligne s’est envolé de 19 %, à près de 1,8 milliard d’euros, en 2024. (Romain Longieras/Hans Lucas. AFP)
publié le 7 mai 2025 à 17h06

En 2024, l’Euro de football et les Jeux olympiques de Paris ont vu émerger un grand vainqueur : les jeux d’argent. Les opérateurs ont vu leur chiffre d’affaires battre un nouveau record et progresser de près de 5 %, à 14 milliards d’euros l’année dernière, selon les données de l’Autorité nationale des jeux (ANJ) publiées ce mercredi 7 mai.

L’année dernière le produit brut des jeux (PBJ) – la différence entre les mises des joueurs et les gains reversés par les opérateurs – des paris sportifs en ligne s’est envolé de 19 %, à près de 1,8 milliard d’euros. Parmi la quarantaine de sports ouverts aux paris en France, quatre se distinguent par le montant des mises : le football, le tennis, le basketball et le rugby, souligne l’ANJ.

Le pari hippique en ligne progresse légèrement (+ 1,5 %, à 339 millions) tandis que le poker fléchit (-2 %, à 493 millions). En 2024, le nombre de comptes joueurs actifs a progressé (5,7 millions de comptes joueurs), comme le nombre de joueurs uniques, qui sont désormais 3,9 millions. La population des parieurs sportifs a rajeuni (30 % des parieurs sportifs ont entre 18 et 24 ans) et elle s’est aussi féminisée (avec 15 % de parieuses), souligne le régulateur.

Si les jeux en ligne ont fortement progressé l’an dernier, l’essentiel de l’activité des jeux d’argent vient de la FDJ, rebaptisée FDJ United, qui a réalisé un PBJ de plus de 7 milliards d’euros (+ 6 %) principalement porté par la loterie.

Viennent ensuite les 202 casinos français avec un PBJ en hausse de 1,2 % à 2,7 milliards d’euros pour un nombre d’entrées stable (31 millions). Le PBJ des sept clubs de jeu parisiens s’établit à 123 millions d’euros. Enfin le PMU voit son PBJ baisser de 2 %, à 1,7 milliard d’euros, mais son bénéfice net est resté stable en 2024 (837 millions), ce qui permet de maintenir son financement à la filière hippique, et le nombre de joueurs a progressé (3,5 millions).

L’ANJ veut lutter contre «leur banalisation dans la société française»

Pour l’ANJ, cette dynamique signifie qu’il faudra redoubler de vigilance en 2025 sur les joueurs à risques et la pression commerciale des opérateurs, même si la hausse de fiscalité qui entrera en vigueur au 1er juillet pourrait affecter l’activité du marché en ligne cette année.

«Les premiers mois de 2025 confirment cette dynamique de croissance. Dans ce contexte, le régulateur souligne deux enjeux majeurs : la nécessaire réorientation du modèle économique du secteur vers un jeu d’argent moins intensif et moins centré sur les joueurs à risques», souligne la présidente de cette autorité, Isabelle Falque-Pierrotin. Et «la mobilisation de l’ensemble des parties prenantes pour changer les représentations associées aux jeux d’argent aboutissant à leur banalisation dans la société française», poursuit-elle dans le communiqué.

Autre point d’attention en 2025 : l’ouverture du marché des jeux à objets numériques monétisables (Jonum), ces jeux vidéo en ligne utilisant des objets numériques pouvant être achetés, échangés ou revendus sur Internet. Une expérimentation qui devrait débuter en septembre 2025 après publication des décrets et à laquelle l’ANJ sera «particulièrement vigilante au strict respect des frontières avec les jeux d’argent».

De leur côté, les opérateurs de jeux en ligne soulignent dans un communiqué de leur association Afjel que «si l’année 2024 s’illustre par une contribution record aux finances publiques et une dynamique dopée par un calendrier sportif exceptionnel, c‘est une croissance en trompe-l’œil» menacée par la hausse de fiscalité.

Ils sont rejoints sur ce point par Casinos de France, association fédérant les casinos, qui déplore les «fragilités structurelles profondes d’un modèle économique contraint par une fiscalité parmi les plus lourdes d’Europe et par une série de distorsions réglementaires persistantes» et appelle à une réforme.