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Libération
Récit

«Ça a donné un uppercut aux équipes» : dans les coulisses du bad buzz de Lucie, l’IA française débranchée en trois jours

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En amont du grand sommet parisien, les 10 et 11 février derniers, le chatbot devenait la risée mondiale pour ses réponses parfois aberrantes. Ses cofondateurs reviennent pour «Libé» sur les coulisses de ce couac, mêlant attaque informatique et boulette politique.
Lucie a été développée en open source par la société Linagora cofondée par Alexandre Zapolsky et Michel-Marie Maudet. (Devrimb/Getty Images)
publié le 22 février 2025 à 21h12

A chaque fois que sort le mot «flop», Alexandre Zapolsky tique. Pour décrire le bad buzz traversé par son entreprise Linagora ces dernières semaines, le PDG préfère employer le terme d’«opportunité». «Si tout ça n’avait pas eu lieu, nous n’aurions jamais eu un tel coup de projecteur et je n’aurais pas eu la chance de m’entretenir avec vous», flatte l’entrepreneur, yeux bleus perçants et initiales brodées sur les pattes de chemise. Avant de nous faire entrer dans son bureau d’Issy-les-Moulineaux, le quadragénaire nous a fait enfiler des sur-chaussures pour protéger sa jolie moquette. Style chirurgien au bloc. Pendant les premières minutes de notre interview, c’est plutôt nous qui passons sur le billard : «Par curiosité… quel sera le ton de votre article ?»

La question est lancée, aussi cordiale que méfiante. Il faut dire que le patron a morflé. Entre articles railleurs et tweets féroces, de la Chine au Brésil en passant par les Etats-Unis, tout le monde s’est un peu payé la tête de sa boîte française spécialisée en logiciels libres ces derniers temps. Surtout, tout le monde a vanné son intelligence artificielle (IA), Lucie. Cette gentille Lucie qui s’acharne sur demande à calculer le poids d’un trou de gruyère et croit en l’existence d’œufs