«Je n’ai pas imaginé une seconde rester à cette fonction.» PDG d’Orange depuis 2011, condamné dans l’affaire de l’arbitrage controversé entre Bernard Tapie et le Crédit Lyonnais, Stéphane Richard a expliqué jeudi qu’il «acceptait parfaitement» la décision du conseil d’administration de l’opérateur, qui a décidé de le remplacer. «On nous fait souvent le reproche à nous les dirigeants d’entreprise de vouloir d’accrocher à nos postes. Dans mon cas personnel, il est évident que quand une décision comme ça est prise, je ne pouvais pas rester en poste, je n’ai jamais contesté cela», a déclaré Stéphane Richard sur France Info.
Son mandat à la tête du groupe arrivait initialement à son terme mi-2022. Son départ «sera effectif à compter de la mise en place d’une nouvelle gouvernance et au plus tard le 31 janvier 2022», a annoncé l’entreprise mercredi soir, ajoutant que Stéphane Richard continuait d’exercer ses fonctions jusqu’à ce départ. S’il avait formulé le «souhait personnel» de rester président du groupe à l’issue de son troisième mandat, en lâchant la fonction de directeur général, son ambition a été brisée net par sa condamnation par la cour d’appel de Paris à un an d’emprisonnement avec sursis et 50 000 euros d’amende.
«Agissements occultes»
En 2018, le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, avait prévenu qu’en cas de condamnation, Stéphane Richard devrait remettre son mandat, alors que le géant français des télécoms a pour premier actionnaire l’Etat, avec plus de 20 % du capital. «Pour toutes les entreprises publiques qui sont sous ma responsabilité de ministre de l’Économie, les règles du jeu doivent être claires : s’il y a condamnation du dirigeant, il y a départ immédiat du dirigeant», avait déclaré Bruno Le Maire.
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Après une relaxe générale en juillet 2019, la cour d’appel a estimé mercredi que l’arbitrage, qui avait octroyé 403 millions d’euros à Bernard Tapie et a depuis été annulée au civil, était bien «frauduleux» en ce qu’il était biaisé dans le sens des intérêts de l’homme d’affaires. Stéphane Richard, 60 ans, qui était à l’époque directeur de cabinet de la ministre de l’Economie Christine Lagarde, a été reconnu coupable de complicité de détournement de biens publics.
Stéphane Richard a «trahi la confiance» de Christine Lagarde par «ses agissements occultes», a déclaré la présidente de la cour, Sophie Clément. «Le préjudice subi par l’Etat est immense du fait des sommes détournées et du discrédit que le comportement du prévenu a jeté sur la fonction publique». Des «accusations […] sans aucun fondement» et «basées sur aucune preuve», a dénoncé Stéphane Richard, qui a annoncé un pourvoi en cassation.