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Libération
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Cryptomonnaies: Qu’est-ce que la révolution verte «The Merge» opérée par l’ethereum ?

La deuxième blockchain la plus importante du monde après celle du bitcoin a opéré une mue vers un système nécessitant moins d’opérations réalisées par les ordinateurs. De quoi réaliser une énorme économie d’énergie.
L’ether, la cryptomonnaie participant au système de l'Ethereum, représente environ 20 % de la valeur totale des monnaies virtuelles existantes. (Dado Ruvic /Reuters)
publié le 15 septembre 2022 à 18h42

Une bonne nouvelle en pleine crise énergétique. La blockchain Ethereum, la plus importante dans le monde des cryptomonnaies après celle utilisée pour les bitcoins, a réussi ce jeudi la mutation technique qui doit la rendre plus efficace et moins consommatrice d’énergie, selon les principaux acteurs de l’opération. «Et nous avons finalisé ! […] Tous ceux qui ont contribué à réussir le Merge peuvent se sentir très fiers aujourd’hui», a tweeté Vitalik Buterin, cofondateur et figure tutélaire de cette blockchain. Libération fait le point sur la portée de cette opération.

C’est quoi «The Merge» ?

L’opération était baptisée «The Merge» (la fusion), puisqu’elle consistait à fusionner de nombreuses lignes de code pour changer le mode de validation des opérations sur la «chaîne de bloc», un immense registre informatique censé être infalsifiable.

On passe du protocole de la Proof of work (POW) à celui de la Proof of stake (POS). Dans les deux cas on fait appel à un pool d’ordinateurs (les nodes, en nombre de 10 000 environ) pour valider chaque série (ou bloc) de transactions. Le POW consistait pour chaque node à effectuer d’innombrables calculs (Work, ou travail) pour espérer gagner quelques unités de cryptomonnaie. D’où une consommation d’énergie très élevée.

Le nouveau protocole POS est plus vertueux : chaque node doit à présenter des unités de cryptomonnaies, qui n’a donc pas besoin d’opération pour avoir le doit de valider un bloc. En conséquence, le nombre de calculs menés par les ordinateurs est réduit, diminuant d’autant plus leur consommation d’électricité. Ceci devrait considérablement alléger l’empreinte environnementale, jusqu’ici désastreuse, de l’ethereum.

Binance, la plus grande plateforme mondiale d’échange de cryptomonnaies, avait suspendu par précaution ces échanges avant l’opération, comme la plupart des autres places d’échanges de cryptomonnaies. Pour l’instant «tout s’est passé exactement comme prévu», a indiqué Simon Polrot, un spécialiste de la blockchain et ancien président de l’association pour le développement des actifs numériques.

Quelle économie d’énergie ?

La cryptomonnaie ne deviendra pas totalement respectueuse de l’environnement pour autant : des dizaines de milliers de serveurs contenant chacun une réplique de la totalité d’une blockchain, ça reste gourmand en énergie. Mais les économies d’énergie devraient néanmoins largement dépasser les 99 %. Pour avoir une idée, l’Ethereum a consommé sur les douze derniers mois environ 80 TWh, soit l’équivalent de la consommation annuelle du Chili.

L’ether, la cryptomonnaie directement liée à ethereum, ne représente qu’environ 20 % de la valeur totale des monnaies virtuelles existantes, en deuxième position derrière le bitcoin (40 %). Ce dernier reste sur le protocole de la POW, et son bilan environnemental est désastreux : il fonctionne en grande partie sur de l’électricité produite à partir de centrales à charbon.

Les cryptos, ça en est où ?

Ethereum possède un champ d’applications beaucoup plus vaste que son concurrent, car elle sert de support à de multiples usages, comme les échanges de NFT. Mais ceux-ci semblent bien n’avoir été qu’une bulle qui n’a pas duré très longtemps : elle a pris son essor il y a un peu plus d’un an, et s’est à présent presque complètement dégonflée.

Ni l’ethereum ni le bitcoin n’ont toutefois réellement atteint le statut de monnaie : toutes les tentatives de les utiliser pour les transactions de la vie courante ont été des échecs, en raison des frais et des délais importants que nécessite chaque opération. Ces protocoles ne permettent pas d’effectuer plus de cinq transactions par seconde, contre 20 000 pour le réseau Visa. Ces cryptomonnaies ont surtout été utilisées comme des actifs spéculatifs – en perte de vitesse en ce moment : leurs valorisations ont chuté de 50 % depuis un an.