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Libération
iPhone contre «Fortnite»

DMA : le conflit entre Apple et Epic, premier test des nouvelles règles européennes sur les plateformes

La Commission européenne a annoncé ce jeudi 7 mars avoir demandé des explications à Apple. L’éditeur et distributeur de jeux vidéo Epic accuse le géant américain de l’empêcher de créer sa propre boutique d’applications sur l’iPhone.
A Brooklyn, en 2019. (Mary Altaffer/AP)
publié le 7 mars 2024 à 20h44

A peine entré en vigueur, l’Union européenne tient déjà sa première occasion de mettre à l’épreuve le Digital Markets Act (DMA), sa nouvelle législation européenne pour lutter contre la domination écrasante des géants du numérique. La Commission européenne a assuré ce jeudi 7 mars avoir demandé des explications à Apple, accusé par la société américaine de jeu vidéo Epic Games d’entrave à la concurrence. Alors que la nouvelle loi européenne consacre ce droit, la maison mère de l’iPhone refuse en effet à Epic Games la création d’un store (une boutique d’application) alternatif sur ses appareils et lui a retiré samedi son compte «développeur», nécessaire pour lancer une telle boutique sur ses appareils.

«Nous avons demandé à Apple des explications supplémentaires à ce sujet dans le cadre du Digital Markets Act», a annoncé une porte-parole de l’exécutif européen. Cette nouvelle législation doit permettre de mieux encadrer les entreprises du monde de la tech – le tout afin de favoriser l’arrivée de nouvelles start-up dans le milieu, et proposer un plus large choix de services aux utilisateurs. Avec ses plus de 120 millions d’usagers européens mensuels pour l’AppStore, et près de 2 400 milliards d’euros de valorisation boursière, Apple faisait partie des cibles évidentes du DMA.

Parmi les mesures phares de cette nouvelle loi, ceux, comme Apple, que la Commission désigne comme «contrôleurs d’accès» doivent désormais permettre à des entreprises tierces de proposer leurs propres plateformes de ventes. Par exemple, Alphabet (Google) ne peut plus se contenter de demander aux utilisateurs d’Android de passer par son PlayStore pour leurs achats. Tout comme Apple ne peut plus contraindre ses usagers à l’AppStore.

Or Epic Games (notamment éditeur de Fortnite) dit être empêché par la marque à la pomme de proposer sa propre boutique. Pour Epic, cela ne fait pas l’ombre d’un doute, ce revers ne peut s’expliquer que par ses nombreuses critiques publiques à l’encontre d’Apple. Devant la presse, Tim Sweeney, son PDG, a accusé les dirigeants d’Apple de mener «une tentative flagrante de mettre à genoux leur principal concurrent».

«Pas de place pour les menaces»

La Commission européenne s’est en tout cas saisie du problème. «Avec le DMA, il n’y a pas de place pour les menaces des «gatekeepers» visant à faire taire les développeurs», a posté sur X (ex-Twitter) le commissaire européen au Marché intérieur, Thierry Breton : «J’ai demandé à nos services d’examiner en priorité la résiliation par Apple du compte développeur d’Epic [nécessaire à la création d’une boutique, ndlr]. A tous les développeurs européens et du monde : c’est le moment de vous exprimer sur les solutions de conformité des contrôleurs d’accès.» Bruxelles est également en train d’évaluer si l’attitude d’Apple «ne soulève pas des doutes sur [le] respect» de deux autres législations de l’UE s’appliquant aux acteurs du numérique, a souligné la porte-parole de la Commission.

Cela fait des années qu’Epic écume les tribunaux et démarche les autorités pour forcer Apple et Google à ouvrir leurs systèmes d’exploitation mobiles (Android et iOS, qui représentent à eux deux une écrasante majorité des smartphones) à d’autres boutiques d’applications que leurs AppStore et PlayStore respectif. Le développeur de jeux vidéo milite également pour que ces deux géants cessent de prélever d’importantes commissions sur les ventes réalisées via leurs boutiques.