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Histoire d'ex

Elon Musk attaque OpenAI en justice, l’accusant d’avoir trahi sa mission initiale à des fins lucratives

Il ne reste plus grand chose d’un OpenAI idéaliste, non lucratif et œuvrant pour le «bien de l’humanité». Un changement qui n’est pas du goût de son co-créateur, qui a porté plainte contre la firme pour avoir trahi son accord fondateur.

Elon Musk et sa garde rapprochée quittent le bureau local de l'entreprise à Washington, États-Unis, le 27 janvier 2023. (Jonathan Ernst/REUTERS)
Publié le 01/03/2024 à 20h35

Elon Musk, militant du retour à l’open source ? L’homme à la tête de Tesla et SpaceX a porté plainte contre OpenAI – créateur de ChatGPT – et ses cofondateurs Sam Altman et Greg Brockman. Musk leur reproche d’avoir abandonné la mission originelle de la société : œuvrer pour le bien de l’humanité, demeurer une organisation à but non lucratif, et permettre à tous d’accéder à sa technologie.

Un projet initial que le milliardaire connaît bien, en ayant lui-même cofondé en 2015 la maison mère de ChatGPT avec, entre autres, Sam Altman. La start-up prometteuse avait alors été créée avec un statut d’organisation à but non lucratif travaillant sur des logiciels d’intelligence artificielle en «open source». Autrement dit : des technologies en accès libre et modifiables par tous. Le tout avec la noble intention de ne pas laisser Google dominer cette technologie majeure. Entre temps, celui qui est désormais le patron de X (ex-Twitter) a quitté le navire OpenAI en 2018, avant de faire partie des plus virulents critiques de l’entreprise.

L’IA, un risque pour l’humanité

Selon lui, en s’associant avec Microsoft, dont les investissements par milliards ont contribué au succès d’OpenAI, Sam Altman aurait mis de côté le «bien de l’humanité» pour se concentrer sur l’argent. En témoigne son modèle de génération de texte le plus avancé, GPT-4, dont le code n’a pas été rendu public, «rompant ainsi le contrat initial» de l’entreprise, selon les avocats de Elon Musk. «OpenAI s’est transformé en une filiale de facto de source fermée [en opposition à l’open source, ndlr] de la plus grande entreprise technologique au monde : Microsoft», affirment-ils dans la plainte

Véritable envie de mieux faire ou goût amer face au succès de son ancien projet, Elon Musk a, depuis son départ, créé sa start-up d’intelligence artificielle, xAI, composée d’anciens ingénieurs de Google et Microsoft. Puis son propre chatbot, Grok, disponible pour les abonnés premium de X. Le milliardaire avait également appelé, en 2023 et avec d’autres experts et dirigeant de l’industrie, à faire une pause d’au moins six moins dans le développement de systèmes plus puissants que le GPT-4 d’OpenAI, invoquant de grands risques pour l’humanité. Une direction à l’opposé d’un Sam Altman avide de progrès à tout prix.

Une relation OpenAI - Microsoft sous surveillance

Et la tête brûlée qui s’est imposée comme le nouveau visage de l’intelligence artificielle peut compter sur le soutien de Microsoft pour mener à bien sa vision. Avec 13 milliards de dollars injectés dans OpenAI entre 2019 et 2023, le lien entre les deux entreprises s’était déjà resserré. Sam Altman a également eu le temps de se voir brièvement limoger en novembre par son conseil d’administration, qui craignait les projets trop dangereux de leur dirigeant. Le patron de Microsoft, Satya Nadella, avait alors joué un rôle majeur dans le retour d’Altman au sein de l’entreprise – seulement cinq jours plus tard – en annonçant son recrutement et celui de tout employé d’OpenAI en cas de départ. Des coups de pouce à la chaîne qui n’ont pas échappé aux institutions.

Courant janvier, la Commission européenne a ainsi annoncé vérifier «si l’investissement de Microsoft dans OpenAI» pouvait «faire l’objet d’un examen», alors que l’autorité américaine de la concurrence (FTC) s’est, elle, penchée fin janvier sur les investissements de Microsoft, Google et Amazon dans les principales start-up d’intelligence artificielle générative : OpenAI et Anthropic.

Le gendarme boursier américain (SEC) examinerait de son côté les communications internes de Sam Altman dans le cadre d’une enquête sur les conditions de son éviction, puis de son retour au sein d’OpenAI en novembre. Le tout alors que Microsoft a dévoilé en novembre qu’elle disposera d’un siège d’observateur (sans droit de vote) au sein du futur conseil d’administration d’OpenAI, dont les nouveaux membres seront annoncés en mars.