Eric Braive prévient d’emblée : il n’a rien d’un geek. Le maire divers gauche de Leuville-sur-Orge n’a «pas Twitter, pas Facebook» et «ne commande jamais sur Internet», dit-il, bras croisés sur fine doudoune, accent parigot et opinions tranchées. Assis à son bureau, devant une grande carte de son territoire d’élection, le président de l’agglomération Cœur d’Essonne, 21 communes et 200 000 habitants, fait valser d’un côté à l’autre son fauteuil pivotant, l’air mi-bougon mi-ironique : «Je dois être vintage. Je suis attaché à la parole donnée.» Et à l’entendre, le respect des promesses n’est pas le fort d’Amazon. «Notre exemple montre qu’il n’y a ni partenariat ni confiance avec eux, tranche Eric Braive. Il n’y a pas de travail collectif, là où ils s’implantent.»
Le maire du Plessis-Pâté, commune voisine de Leuville et membre de Cœur d’Essonne, est du même avis : «A partir du moment où on grogne, la porte avec Amazon se ferme, constate Sylvain Tanguy. Plus de son, plus d’image. Mais en France, des projets d’envergure ne se font pas sans les collectivités locales. On n’est pas dans un pays si libéral que les entreprises peuvent y faire ce qu’elles veulent ou dans un pays en voie de développement où l’on est prêt à tout accepter. En France, on n’aime pas être pris pour des faisans.»
L’objet de l’agacement partagé des deux édiles est la volte-face du géant américain de la distribution. Amazon s’est installé en 2019 dans les env