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Libération
Reportage

Entre solidarité et fragilités, l’économie israélienne à l’épreuve de la guerre

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Désorganisé par l’attaque du 7 octobre, qui mobilise ses forces vives, l’Etat hébreu commence à relever la tête, aidé par une immense vague de solidarité. Mais le coût de la guerre risque de peser sur une économie déjà fragilisée par la dérive autoritaire du gouvernement Netanyahou.
A Tel-Aviv, comme dans les autres villes du pays, les chantiers immobiliers sont à l'arrêt depuis le 7 octobre. (Sandra Mehl/Libération)
par Eve Szeftel, envoyée spéciale à Tel-Aviv
publié le 11 novembre 2023 à 13h12

Dans la tradition juive, le deuil dure sept jours. Pendant cette période appelée «shiva», on n’a pas le droit de porter des vêtements en cuir, de se maquiller, de se regarder dans un miroir et certaines coutumes prescrivent de s’asseoir sur une chaise basse, plutôt que dans un siège confortable. Une fois la semaine écoulée, on peut «se lever», et reprendre le cours de sa vie. Un mois après l’attaque terroriste du Hamas, Israël est-il en train de se relever et de sortir du deuil ? Mardi 7 novembre, le pays de 9,6 millions d’habitants s’est figé pour une minute de silence. Et jeudi soir, en cette veille de shabbat, les terrasses des cafés qui ont rouvert – beaucoup restent fermés – débordaient de monde.

«J’ai recommencé à écouter de la musique hier. Avant, j’étais en deuil, je ne pouvais pas», confesse Sophie Belmin. La pédiatre revenait d’un rassemblement à Tel-Aviv pour les otages à Gaza. Au lieu de rentrer, elle s’est attardée pour prendre un verre avec ses collègues médecins, françaises comme elle. L’air est anormalement tiède pour une mi-novembre. Les portables sont posés sur la table, on en oublie Tzofar, l’application qui alerte sur les arrivées de roquettes et dont le signal sonore précède une ruée vers les abris. On en oublie la guerre qui fait rage dans la bande de Gaza, à 70 kilomètres de là. On laisse aussi s’accumuler pour quelques minutes les notifications des innombrables groupes WhatsApp – amicaux, professionnels, liés à l’école, au quartier ou au bénévol