A l’heure actuelle, John Cheeks aurait pu siroter un verre de Martini. Les orteils ensevelis dans le sable blanc d’une île privée perdue au milieu du Pacifique, l’Américain aurait contemplé l’horizon avec le contentement d’un homme chanceux. Très chanceux puisque la probabilité de gagner à la loterie du Powerball - qui aurait pu faire sa fortune - n’est que d’une sur 292,2 millions. Mais quelle est celle de voir les numéros de son ticket affichés comme gagnants par erreur ?
L’espace de quelques jours, ce résident de Washington DC a pensé avoir remporté 340 millions de dollars, soit plus de 315 millions d’euros. Le 6 janvier 2023, John Cheeks remplit son ticket à deux dollars avec les dates d’anniversaire de proches et des chiffres porte-bonheur. Impossible pour lui d’assister au tirage le lendemain, alors il se rend sur le site web de la DC Lottery et y découvre sa combinaison fétiche parmi les résultats gagnants : «J’étais un peu excité, mais je n’ai pas crié, je n’ai pas hurlé. J’ai juste appelé poliment un ami. J’ai pris une photo comme il l’a recommandé, et c’est tout. Je suis allé dormir», raconte-t-il jeudi 15 février à la NBC qui rapporte l’histoire. Le réveil a été brutal car, un an plus tard, l’homme poursuit la loterie en justice.
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La raison ? Lorsqu’il se rapproche de cette dernière pour faire valoir son gain le 10 janvier 2023, l’Américain déchante. Son ticket est refusé car «il n’a pas été validé comme gagnant par le système de jeu d’OLG (le Bureau de la loterie et des jeux), comme l’exigent les règlements», lui écrivent les administrateurs du Powerball dans une lettre lui refusant son prix. «Ce ticket n’est pas bon, juste jetez-le […] Il y a une poubelle juste là», se contente de lui balancer avec nonchalance un employé sur place.
«Comment comptez-vous réparer ce préjudice ?»
Mais que s’est-il passé sur le site de la DC Lottery ? La faute viendrait d’un contractuel spécialisé en développement web et en marketing. Le 6 janvier 2023, comme le rapporte The Guardian, une opération de maintenance du site impliquant un changement de fuseau horaire aurait été menée. Dans le processus et par erreur, l’équipe aurait affiché des faux numéros gagnants du Powerball, censés tester la plateforme en arrière-plan sans être publiés publiquement. L’erreur n’est repérée que trois jours plus tard. Coup d’un hasard bien narquois : la combinaison erronée est la même que celle de John Cheeks.
L’avocat du joueur Richard Evans fait la moue face à ces explications qu’il estime non prouvées. Auprès de la NBC, il assène : «Même si une erreur a été commise, la vraie question demeure : comment comptez-vous réparer ce préjudice ?» D’après lui, son client a en tout cas plus de chances de remporter son procès que de gagner au loto. Notamment parce qu’un cas similaire s’est déroulé en novembre dernier. L’Iowa Lottery, l’association gérant un certain nombre de jeux de hasard dans l’Etat, avait aussi publié une mauvaise combinaison jackpot du Powerball. Pour réparer sa bêtise, elle avait autorisé les faux gagnants à garder leur butin. Un peu plus modestes que celui de John Cheeks toutefois puisqu’ils s’élevaient de 4 à 200 dollars (3,7 à 185 euros).