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Réseaux sociaux

Facebook et Instagram vont proposer des abonnements payants en Europe, pour éviter les pubs

Le groupe Meta va mettre en place dès novembre des abonnements entre 9,99 et 12,99 euros mensuels, dans un premier temps. De quoi protéger les données des utilisateurs, et les arrières de l’entreprise face à la menace des lois européennes.
Photo d'illustration. (Ivan Romano/Getty Images)
publié le 30 octobre 2023 à 16h41

Protection face à la législation européenne et nouvelle source de revenu, le géant américain du numérique opte pour le beurre et l’argent du beurre. Meta a annoncé ce lundi 30 octobre la mise en place d’abonnements payants en Europe à partir du mois de novembre. Les usagers qui adopteraient cette formule pourraient utiliser Instagram et Facebook sans publicité.

L’abonnement ne sera qu’optionnel dans l’Union Européenne, la Suisse et le reste de l’Espace économique européen (Islande, Norvège, Liechtenstein). Pour 9,99 euros par mois sur ordinateur, et 12,99 euros pour les applications mobiles et plateformes, les usagers «auront le choix de continuer à utiliser gratuitement» Facebook et Instagram, ou «de s’abonner pour ne plus voir de publicités», a expliqué la firme de Mark Zuckerberg. Il faudra payer 6 à 8 euros supplémentaires par compte à partir du 1er mars 2024. Meta garantie à ses abonnés que leurs données «ne seront pas utilisées pour des publicités».

La formule ne concernera que les plus de 18 ans. L’entreprise réfléchit encore à la méthode à mettre en place pour les plus jeunes, afin de leur «offrir une expérience publicitaire utile et responsable compte tenu de l’évolution du paysage réglementaire». Dans le même temps, Meta visé par des plaintes d’une quarantaine d’Etats américains pour les «dommages à la santé mentale et physique des jeunes».

La menace européenne

Au-delà de l’enjeu économique, cette mesure permettra à Meta de se conformer au Digital Services Act et à son nouveau cadre sur les données personnelles et la publicité ciblée en Europe. La vie privée numérique se monnaie, alors même que Meta – comme Google – a bâti son empire sur les recettes générées par des publicités finement ciblées grâce aux données personnelles récoltées auprès de leurs milliards d’usagers. L’Union Européenne s’est donc saisie de l’affaire, d’abord en 2016 avec son règlement européen sur la protection des données, puis avec le règlement sur les marchés numérique (DMA) entré en vigueur cet été. Les plateformes concernées ont jusqu’au 6 mars 2024 pour se plier à la seconde.

Meta avait écopé d’une amende record d’1,2 milliard d’euros par la Commission irlandaise pour la protection des données au mois de mai, pour violation du RGPD. Deux mois plus tard, c’est la Cour de justice de l’Union européenne qui avait remis une couche, en rappelant que les utilisateurs des réseaux sociaux devaient «être libres de refuser individuellement de donner leur consentement à des traitements particuliers de données». L’abonnement permettrait ainsi d’offrir un choix à l’usager.

Le géant américain peut aussi y voir une opportunité de compléter ses revenus publicitaires. Et il n’est pas le seul à faire ce pari. D’après Android Authority, du côté de TikTok, on miserait aussi sur un abonnement d’un peu plus de 4 euros par mois pour le même genre d’avantages. Chez X (ex-Twitter), Elon Musk envisage lui aussi un «petit paiement mensuel» pour l’ensemble des utilisateurs du réseau social, afin, officiellement, de lutter contre les faux comptes qui pullulent sur la plateforme. Sur Snapchat, ils sont déjà trois millions à avoir fait le choix de l’abonnement – à 3,99 euros par mois – pour bénéficier d’avantages propres à l’application.