Menu
Libération
Dernière chance

Faute d’avoir pris le train de l’IA, Intel licencie massivement et dévisse en Bourse

Le géant américain des puces électroniques, qui perd des parts de marché, a annoncé une perte trimestrielle et le licenciement de plus de 15 000 personnes.

Le fabricant de puces Intel, dont le siège est à Santa Clara en Californie, s'apprête à licencier des milliers de personnes alors que la société tente de se remettre d'une érosion de ses parts de marché. (Justin Sullivan/Getty Images.AFP)
Publié le 02/08/2024 à 21h40

Rater le train de l’IA, ça ne pardonne pas : le géant mondial de l’informatique Intel, pionnier des puces électroniques, a annoncé jeudi soir le licenciement de plus de 15 000 salariés, soit 15 % de ses effectifs, et dix milliards d’économies, ce qui a fait plonger son cours de plus de 30 % à Wall Street. «C’est la décision la plus difficile que j’ai prise dans ma carrière, a déclaré son patron Pat Gelsinger dans un mémo jeudi. C’est un jour incroyablement difficile pour Intel, car nous sommes en train de procéder à certains des changements les plus importants de l’histoire de notre entreprise». Intel se hisse ainsi en haut du podium des plans mondiaux de licenciements de ces deux dernières années dans la high-tech, devant Tesla et ses 14 000 suppressions de postes.

Intel investit massivement des dizaines de milliards dans des méga usines, afin de fabriquer de nouvelles générations de puces encore plus fines, mais n’a pas répondu aux besoins spécifiques de l’intelligence artificielle naissante. Il s’est fait supplanter par les spécialistes des puces surpuissantes indispensables à l’entraînement des modèles d’IA, Nvidia et AMD. Mais même dans son cœur de marché, Intel perd du terrain.

Apple et Microsoft ont annoncé de nouvelles gammes d’ordinateurs sans puces Intel, recourant à des puces basées sur l’architecture ARM, technologie utilisée pour les smartphones, que fabriquent notamment Apple et Qualcomm, quand Intel en est resté à la technologie x86. Sans oublier les critiques qui ont visé cette année la qualité de plusieurs de ses microprocesseurs. Résultat, le groupe américain a affiché pour le deuxième trimestre un chiffre d’affaires en baisse de 1 %, à 12,8 milliards de dollars et une perte nette de 1,6 milliard, contre un bénéfice net de 1,5 milliard il y a un an. Son action a dévissé jeudi de 5,5 % puis de 26 % vendredi matin.

«Nous n’avons pas encore pleinement profité de tendances puissantes, comme l’IA. Nos coûts sont trop élevés, nos marges sont trop faibles», reconnaît Pat Gelsinger, qui depuis deux ans multiplie les investissements pharaoniques. Intel a investi en 2023 près de 25,8 milliards de dollars et encore annoncé cette année l’extension ou la création de nouvelles usines aux États-Unis, en Allemagne, en Pologne et en Israël. Avec l’espoir de rattraper son grand rival, le géant taïwanais TSMC, n° 1 mondial. En 2026, Intel mettra enfin sur le marché des puces de 1,8 nanomètre, les plus miniaturisées du marché, qui visent le futur marché des PC dotés de capacités d’IA. Mais en attendant, il devra se serrer la ceinture.