Menu
Libération
Historique

Google a monopolisé le marché de la publicité sur internet par «une série d’actions anticoncurrentielles», tranche une juge fédérale

La justice américaine considère que le GAFAM a «sciemment» établi et protégé sa position monopolistique dans le marché publicitaire. Pour le moment, aucune sentence n’a été décidée contre le groupe.
Google avait déjà été reconnu coupable de pratiques anticoncurrentielles dans un autre procès aux Etats-Unis. (Andrew Kelly/Reuters)
publié le 17 avril 2025 à 18h38

Google a bien monopolisé le marché de la publicité sur internet. C’est en tout cas ce qu’a estimé la juge fédérale Leonie Brinkema, dans un jugement rendu public ce jeudi 17 avril. Dans une décision de 115 pages, elle reconnaît que les plaignants ont bien démontré que le géant américain du numérique avait «sciemment entrepris une série d’actions anticoncurrentielles pour atteindre et conserver un pouvoir de monopole dans le serveur de publications publicitaires et dans les marchés d’échanges de publicités sur internet.» Et de poursuivre : «Pendant plus d’une décennie, Google a lié son serveur de publication de publicités et les échanges de publicités à travers des clauses contractuelles et une intégration technologique, ce qui a permis à l’entreprise d’établir et de protéger sa position monopolistique dans ces deux marchés», a-t-elle poursuivi.

Selon elle, le groupe a également «assuré son monopole en imposant des politiques anticoncurrentielles à ses clients et en éliminant des caractéristiques favorables de certains produits». La juge conclut que, ce faisant, Google a notamment causé des «dommages importants» à ses clients et a empêché ses rivaux de lui faire concurrence. Leonie Brinkema a donné sept jours à l’accusation et à la défense pour lui remettre un calendrier pour la suite de la procédure, afin de déterminer les «remèdes» à cette situation.

«Google a un triple monopole»

L’administration de Joe Biden avait assigné Google en janvier 2023 devant un tribunal fédéral de l’Etat de Virginie, réclamant que le groupe soit contraint de céder des actifs. Le gouvernement américain avait accusé notamment Google de contrôler le marché des bannières publicitaires sur les sites web, y compris ceux de nombreux médias, et d’en profiter pour pratiquer des prix artificiellement élevés et un partage des revenus inéquitable.

Selon l’accusation, le GAFAM s’appuyait sur trois logiciels de gestion de la publicité considérés comme incontournables par la majorité des sites internet. «Google a un triple monopole», avait fait valoir le représentant du ministère de la Justice, Aaron Teitelbaum, en audience. Selon le site StatCounter, Google pesait, en septembre, 90 % du marché mondial de la recherche en ligne et même 94 % sur les smartphones.

L’avocate de Google, Karen Dunn, avait dénoncé une interprétation erronée du droit par le ministère. L’entreprise avait affirmé que l’affaire était basée sur une version dépassée d’internet, ignorant le contexte actuel, où les publicités sont aussi placées dans les résultats de recherche, les applications mobiles et les réseaux sociaux.

Dans un autre procès, le jury d’un tribunal fédéral de Washington a reconnu Google coupable de pratiques anticoncurrentielles dans la recherche sur internet. Il attend toujours que le magistrat statue sur les contraintes à lui imposer. Les autorités réclament que le GAFAM se sépare de son navigateur Chrome.