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Libération
Reportage

Grève des employés d’Ubisoft : «Je pourrais gagner trois fois le même salaire à faire des drones tueurs, mais ce que je veux, c’est faire des jeux»

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Les salariés de la plus grosse entreprise française de jeux vidéo ont sorti le piquet de grève mercredi 14 février, devant le siège de l’entreprise en banlieue parisienne comme dans le reste de la France. Ils ont été plusieurs centaines à répondre positivement à l’appel des syndicats du milieu pour obtenir des «salaires dignes».
Des salariés du site d'Ubisoft à Castelnau-le-Lez mobilisés mercredi 14 février. Ils sont près de 500 employés dans ces locaux situés près de Montpellier. (Pascal Guyot/AFP)
publié le 15 février 2024 à 8h35

«Il faut continuer à avoir du génie et ne pas penser qu’à son portefeuille.» Entre deux immeubles de Montreuil (Seine-Saint-Denis) où se nichent une partie des locaux d’Ubisoft, des salariés en grève sont interpellés par une passante à la voix traînante, qui tacle le géant du jeu vidéo. Le petit groupe de grévistes approuve, lui qui reproche justement à leur entreprise des profits importants, au détriment de «salaires dignes». «Il n’y a pas que les projets et les objectifs qui comptent, il y a la passion», poursuit-elle. L’intervention fait moins l’unanimité. «Pas que…» ironise l’élu CFE-CGC qui s’adressait alors aux dizaines de personnes autour de lui.

Quand on leur parle de «métier passion», certains tiquent. «L’expression est un peu malheureuse», note Marc, délégué syndical Solidaires informatique : «On ne paie pas ses factures avec la passion.» Mais pour ce game designer (concepteur de jeu), le problème va bien plus loin que le seul secteur du jeu vidéo : «Le capitalisme est structuré de manière à exploiter les employés. Si les employés sont passionnés, il sera structuré pour exploiter la passion de ses employés.» Passionnés, ils n’en restent pas moins essentiels à faire tourner la chaîne de production : «Il faut bien qu’Ubisoft comprenne que si on ve