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Riposte

IA : le français Mistral lance «Chat», son robot conversationnel pour détrôner ChatGPT

Alliée à Microsoft, la start-up française a mis en ligne ce lundi 26 février son intelligence artificielle destinée aux entreprises. Elle a pour but de devenir un «champion européen» capable de rivaliser avec l’américain Open AI.
L'entreprise Mistral AI a été créée en 2023 par trois Français venus de Meta et Google. (Betul Abali/Anadolu.AFP)
publié le 26 février 2024 à 18h56

Cela ressemble à un grand coup dans le monde de l’intelligence artificielle. Le français Mistral AI, l’un des deux champions de l’IA en Europe, a dévoilé ce lundi 26 février, moins d’un an après sa création, un partenariat avec Microsoft et son IA conversationnelle.

En même temps que son nouveau modèle de langage «Mistral Large», le troisième dévoilé par l’entreprise, Mistral a annoncé l’existence du «Chat», clin d’œil au précurseur ChatGPT de l’américain Open AI. Le groupe français valorisé à quelque 2 milliards de dollars, selon des sources financières, vante des performances comparables à celle de GPT-4.

A la différence près qu’il propose pour l’instant une IA conversationnelle dédiée aux entreprises, et non au grand public. Le modèle «Mistral Large» est quant à lui disponible depuis lundi pour les clients d’Azure AI, la plateforme de Microsoft, avec qui Mistral annonce un partenariat, sans en dévoiler les modalités.

Microsoft s’est félicité de ce partenariat avec la start-up qualifiée de «pionnière et novatrice». Celui-ci «repose sur un engagement commun de proposer des systèmes et des produits issus de l’IA sûrs et fiables», a affirmé le géant américain. «Il s’agit d’une étape importante pour nous, les performances inégalées de ce modèle multilingue continuant à repousser les limites de ce qui est possible avec l’intelligence artificielle de pointe», a de son côté vanté le cofondateur de Mistral AI, Arthur Mensch, dans un communiqué.

«Champion européen»

Créée en avril 2023, Mistral AI, dont les trois fondateurs français sont issus des rangs de Meta (maison mère de Facebook) et de Google, a toujours assumé sa volonté de proposer une alternative aux modèles des grandes entreprises américaines de la tech. «Nous suivons une ambition claire : créer un champion européen à vocation mondiale dans l’intelligence artificielle», avait déclaré en décembre l’un de ses co-fondateurs, Arthur Mensch, dans un communiqué.

Le lancement de ChatGPT, puis la publication d’autres modèles outre-Atlantique avaient déclenché une course contre la montre côté européen. «Il y a un sujet de dépendance culturelle assez forte» vis-à-vis des États-Unis en matière d’IA, soulignait Arthur Mensch en octobre. Contrairement à ses homologues américains, Mistral AI mise par exemple sur le développement de modèles en «open source» (en sources ouvertes), utilisables par tous.

Une volonté d’indépendance encouragée par la sphère politique : alors que Mistral AI réussissait une première levée de fonds à hauteur de 105 millions d’euros en juin 2023, Emmanuel Macron avait clamé son souhait de voir la France devenir «championne» dans le domaine. Mi-janvier, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen avait quant à elle incité l’UE à «redoubler d’efforts» pour ne pas se laisser distancer.

La France s’est particulièrement positionnée dans la course à l’IA en Europe : outre les encouragements adressés au lancement de Mistral AI par le président de la République, le ministre de l’Économie Bruno Le Maire a récemment insisté sur sa volonté de voir émerger «un modèle sur l’IA qui soit propre à la France […]» et créateur d’emplois. Mi-février, un «hub» de recherche dédié à l’IA a été inauguré par Google à Paris, et le pays accueillera la prochaine édition en présentiel d’un sommet sur la sécurité de l’IA.

Mais peu d’entreprises européennes peuvent prétendre au titre de concurrents sérieux à ChatGPT et autres Gemini (Google) et Copilot (Microsoft) : outre Mistral AI, seul l’allemand Aleph Alpha fait valoir de telles ambitions.

Et la volonté de souveraineté européenne est menacée par les sommes très importantes investies aux États-Unis. En novembre, et malgré une levée de fonds de 500 millions d’euros, le PDG d’Aleph Alpha s’inquiétait de voir son entreprise «en danger existentiel» après avoir appris que 13 milliards de dollars supplémentaires avaient été injectés dans OpenAI.