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Désinformation

Le Réseau international de fact-checking élève la voix contre Meta et Mark Zuckerberg

L’argument de la censure invoqué par le patron de Meta, pour mettre fin à son programme de fact-checking aux Etats-Unis est «faux» et va entraîner «un préjudice dans de nombreux endroits», a estimé jeudi 9 janvier l’IFCN (International Fact-Checking Network).
La fin du programme de fact-checking lancé par Facebook en 2016 avec plus de 80 organisations chargées de vérifier les informations dans plus de 60 langues a jeté un froid dans le milieu du fact-checking. (Dado Ruvic/REUTERS)
publié le 10 janvier 2025 à 12h16

Les critiques se suivent et se ressemblent à l’encontre de Mark Zuckerberg. Le Réseau international de fact-checking IFCN (International fact-checking network) a vertement répondu aux justifications du patron de Meta, sur sa décision mardi 7 janvier de mettre fin à son programme de fact-checking aux Etats-Unis, estimant que «les fact-checkers ont été trop orientés politiquement et ont plus contribué à réduire la confiance qu’ils ne l’ont améliorée». Un argument jugé «faux» et qui va entraîner «un préjudice dans de nombreux endroits», a répondu le collectif dans une lettre ouverte publiée jeudi 9 janvier.

«Nous voulons rétablir la vérité, à la fois pour le contexte actuel et pour l’Histoire», a poursuivi l’IFCN, qui regroupe plus de 130 organisations, dont l’AFP. Le réseau a également estimé que la fin du programme de fact-checking de Meta dans le monde entier causerait un «préjudice réel». Parmi les plus de cent pays dotés d’un programme similaire, certains sont «très vulnérables à la désinformation qui engendre de l’instabilité politique, des ingérences dans les élections, de la violence de masse et même des génocides», ajoute l’organisation internationale créée en 2015.

L’IFCN n’est pas la seule à avoir réagi sur le sujet. Le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Volker Türk, a affirmé sur son compte X ce vendredi 10 janvier que réguler les contenus haineux en ligne n’était «pas de la censure».

Une décision qui ne touche, pour l’instant, que les Etats-Unis

La fin du programme de fact-checking lancé par Facebook en 2016 avec plus de 80 organisations chargées de vérifier les informations dans plus de 60 langues a jeté un froid dans le milieu du fact-checking. Dans un communiqué publié ce mardi sur X, Angie Drobnic Holan, la directrice de l’IFCN et ancienne rédactrice en chef du média américain PolitiFact, a également estimé que «cette décision portera préjudice aux utilisateurs des réseaux sociaux qui recherchent des informations précises et fiables pour prendre des décisions concernant leur vie quotidienne et leurs interactions avec leurs amis et leur famille».

Pour l’instant, Mark Zuckerberg comme Meta ont déclaré que le programme de fact-cheking prendra seulement fin aux Etats-Unis. En fin de journée, mardi 7 janvier, Clara Chappaz, la ministre déléguée chargée de l’Intelligence artificielle et du numérique, a annoncé sur X avoir échangé avec la direction de Meta France qui lui a «assuré que cette fonctionnalité ne sera déployée qu’aux Etats-Unis pour le moment. En Europe, le Digital Service Act sera respecté.»

A seulement quelques jours de la seconde cérémonie d’investiture de Donald Trump, la décision de Mark Zuckerberg s’inscrit dans un contexte où les têtes d’affiche de la Big Tech américaine cherchent à tout prix à s’attirer les faveurs du président élu. Tim Cook, Sam Altman ou encore Jeff Bezos, pas un n’a par exemple manqué à l’appel de fonds pour financer la cérémonie d’investiture du 20 janvier.