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Indécence

Les actionnaires de Tesla valident les 56 milliards de rémunération d’Elon Musk

Le déjà multimilliardaire Elon Musk a vu ce jeudi son giga-plan de rémunération approuvé par les actionnaires de l’entreprise spécialisée dans les véhicules électriques.
Elon Musk, le 13 mars 2024 à Berlin. (Ebrahim Noroozi/AP)
publié le 14 juin 2024 à 17h14

Pour quelques milliards de plus. La mobilisation de Tesla et de son patron Elon Musk a payé : l’énorme plan de rémunération du dirigeant, estimé à 56 milliards lors de son élaboration en 2018, a de nouveau été approuvé par les actionnaires du constructeur automobile ce jeudi 13 juin en fin de journée, après son annulation par la justice en janvier. Son adoption a été annoncée par le secrétaire général de Tesla, Brandon Ehrhart, sous les applaudissements de plusieurs centaines d’actionnaires réunis en assemblée générale à Austin (Texas).

«Bon sang, je vous adore les gars», a lancé Elon Musk en montant sur scène, tout sourire. L’homme avait affirmé, peu après la clôture du scrutin à distance à 23 h 59 mercredi au Texas (6 h 59 heure française), que les deux principales résolutions de l’AG avaient été validées «à une large majorité», dans un message publié sur son réseau social X – la seconde portait sur le transfert de la domiciliation de Tesla du Delaware (est) vers le Texas (sud). Les résultats précis n’ont pas encore été communiqués.

Cette approbation marque le soutien dont Musk bénéficie de la part des investisseurs particuliers de Tesla, dont beaucoup sont de fervents fans du milliardaire. Bien conscient de l’importance des actionnaires individuels, le spécialiste des véhicules électriques a mené une campagne tous azimuts jusqu’au dernier moment pour les inciter à voter, avec son robot humanoïde Optimus en vedette et des visites guidées – par Elon Musk et Franz von Holzhausen, chef designer de Tesla – de la méga-usine d’Austin à gagner. De quoi permettre l’adoption de la proposition malgré l’opposition de certains grands investisseurs institutionnels.

Un risque d’influence

Annulée après le recours d’un actionnaire devant un tribunal du Delaware fin janvier, la rémunération a de nouveau été soutenue par le conseil d’administration de Tesla mi-avril, qui l’a inscrite au menu de l’assemblée générale ordinaire de jeudi. «Le conseil soutient ce plan de rémunération. Nous y avons cru en 2018, en demandant à Elon de poursuivre des objectifs remarquables pour développer l’entreprise», avait fait valoir le bureau.

Mais «cette affaire n’est pas terminée», a déclaré Brian Quinn, professeur à la faculté de droit du Boston College : «Le juge du Delaware examinera le vote et exigera que Tesla prouve que le processus n’a pas été contraint ou influencé de manière inappropriée par Musk.» Le juge affirmait que le plan avait été proposé par un conseil «redevable» ayant des liens personnels et financiers étroits avec son plus haut dirigeant.

En cas de refus, certains craignaient que Musk puisse se détourner de Tesla pour se consacrer davantage à ses autres entreprises (SpaceX, X, xAI…). En janvier, le milliardaire menaçait notamment de fabriquer des produits d’IA et de robotique en dehors de Tesla s’il ne parvenait pas à obtenir suffisamment de votes. Un risque énorme quand, pour beaucoup d’investisseurs, Tesla n’est rien sans Elon Musk (qui détient 20,5 % du capital).

«Tesla est meilleur avec Elon. Tesla est Elon», affirmait la semaine dernière Ron Baron, patron de Baron Funds qui a investi autour de 3 milliards de dollars en actions Tesla : «Elon a rempli son contrat de rémunération. Elon a gagné son salaire.» L’action Tesla, qui valait une vingtaine de dollars à Wall Street lors de l’AG de 2018, dépassait mercredi les 177 dollars à la fermeture – un chiffre qui reste loin des 350 dollars atteints fin 2021.