Perchée au sommet du collège de l’Immaculée Conception, la Sainte Vierge toise le monde d’en bas d’un air tendre et tragique. A ses pieds, une horde vibrante d’adolescents déboule. Ça braille, ça se marre, ça se bouscule… Libérés des heures de cours de l’établissement privé de Saint-Hilaire-du-Harcouët (5 000 habitants, dans la Manche), les gamins se défoulent. Sacs à dos de traviole et mèches rebelles sur le front. Aurélie, 43 ans, observe le joyeux capharnaüm d’un air lointain. «C’est honteux ce qu’il s’est passé, soupire-t-elle, le regard dissimulé par les écrans noirs de ses lunettes de soleil. Ça peut bousiller la vie des petites, cette histoire.»
«Cette histoire», c’est celle des deepfakes de la Manche. Ou, dans le langage du commun des mortels, de fausses images pornos de collégiennes du coin ayant circulé sur Internet début mars. Des clichés ultraréalistes, générés par intelligence artificielle. L’affaire est l’une des premières de cette ampleur en France : douze victimes ont pour l’heure été recensées, révélait le parquet de Coutances confirmant une information publiée le 11 mars par la Manche libr