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Menace

L’intelligence artificielle menacerait 4 millions d’emplois en Corée du Sud

Surtout parmi les cols blancs, près d’un poste sur cinq pourraient être remplacés par l’IA au cours des deux prochaines décennies dans le pays asiatique, selon une étude publiée jeudi 16 novembre. Un chiffre similaire aux estimations concernant l’Europe.
Parmi les métiers les plus menacés, figurent les médecins, les avocats ou encore les comptables. (XH4D/Getty Images)
publié le 17 novembre 2023 à 11h13

On redoute le phénomène, voici une étude qui quantifie les dégâts possibles. Environ 3,9 millions de travailleurs, principalement les cols blancs, pourraient être remplacés par l’intelligence artificielle d’ici à deux décennies en Corée du Sud, pays à la pointe des nouvelles technologies, selon une analyse de la Banque de Corée publiée jeudi 16 novembre.

Les médecins, avocats, comptables et chimistes seraient parmi les professions les plus touchées. A l’inverse, les personnes les moins susceptibles de perdre leur emploi à cause des progrès technologiques sont celles qui travaillent dans les domaines religieux, de la restauration et de l’enseignement, toujours selon la Banque de Corée.

«Les professionnels à revenus élevés et ayant une formation universitaire élevée sont plus exposés à l’IA et courent un plus grand risque d’être remplacés», synthétisent les auteurs de l’étude. L’IA menace plus directement les emplois de cols blancs, car elle peut plus facilement accomplir ses tâches analytiques et cognitives.

17 % des travailleurs du pays sur la sellette

A l’échelle de la Corée du Sud et de ses 23 millions de travailleurs en 2023 selon Statista, les 3,9 millions d’emplois menacés représentent ainsi pas moins de 17 % des travailleurs. Au niveau mondial, une étude de Goldman Sachs publiée en mars estimait que 300 millions d’emplois dans le monde pourraient faire l’objet d’une automatisation par l’intelligence artificielle. En Europe et aux Etats-Unis, environ deux tiers des emplois actuels seraient «exposés à un certain degré d’automatisation» et l’IA générative pourrait remplacer jusqu’à un quart d’entre eux.

D’autres experts nuancent tout de même ces chiffres, dont la sociologue spécialiste des évolutions du travail Patricia Vendramin. Pour elle, ces «prévisions alarmistes» ne prennent pas suffisamment en compte les «facteurs sociaux et réglementaires», prévenait-elle auprès de Libé en juin. L’experte ajoute que beaucoup d’études du même genre finissent par être infirmées par la réalité.

Le problème du remplacement de l’emploi par l’IA n’en demeure pas moins réel, et n’est pas propre à la Corée du Sud. Il est même déjà très concret en France. En septembre, Libération révélait par exemple la volonté de Onclusive de supprimer 217 de ses 383 postes installés dans l’hexagone – plan depuis reporté. La direction a déclaré qu’elle ne reviendrait pas sur la décision de supprimer des postes, mais qu’elle allait revoir le plan pour répondre aux critiques, dans un message aux salariés.

Si les technologies de l’IA représentent bien une menace pour les emplois existants, elles créent également de nouvelles opportunités, souligne le rapport de la Banque de Corée. En bénéficient notamment les ingénieurs qui développent et entretiennent des systèmes d’IA, ainsi que les start-ups gravitant autour. La Banque de Corée admet tout de même certaines limites à ce report de l’emploi, avec des nouveaux postes «concentrés» dans un domaine spécifique, et «certains employés (qui) pourraient rencontrer des difficultés dans le processus de transition professionnelle provoqué par l’introduction de l’IA».

Une récente enquête du World Economic Forum sur l’avenir des métiers estime qu’en raison de l’intelligence et des autres évolutions, 83 millions d’emplois devraient être «éliminés» et 69 millions créés d’ici à 2027.