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Réseau social

L’ONU presse Elon Musk de faire respecter les droits humains sur Twitter

Un peu plus d’une semaine après le rachat du réseau social par le milliardaire, le Haut-commissaire aux droits de l’Homme des Nations unies a publié samedi une lettre ouverte. Il exhorte Musk à respecter six principes fondamentaux, parmi lesquels la liberté d’expression, la protection de la vie privée et la garantie de la transparence.
Elon Musk, en mars 2022 à Berlin. (Patrick Pleul/AP)
publié le 6 novembre 2022 à 10h56

Nouvel épisode dans la saga Elon Musk-Twitter. Un peu plus d’une semaine après le rachat du réseau social par le milliardaire, l’inquiétude ne cesse de monter, entre licenciements massifs et déclarations hors-sol de Musk. Et la pression monte même jusqu’aux Nations unies. Dans une lettre ouverte publiée samedi soir sur le réseau social, le Haut-commissaire aux droits de l’homme, Volker Türk, déballe son «appréhension au sujet de notre place publique numérique et du rôle de Twitter dans celle-ci». Et a pressé le patron de la plateforme de «faire en sorte que les droits humains soient au centre du management de Twitter sous [sa] direction».

Tout en ajoutant quelques conseils qui ne semblent pas avoir été lus par Musk : «Le respect de nos droits humains partagés devrait tenir lieu de garde-fous pour l’utilisation et l’évolution de la plateforme» et «comme toutes les entreprises, Twitter doit comprendre les dommages associés à sa plateforme et prendre des mesures pour y remédier», écrit Volker Türk. Autrement dit, les informations selon lesquelles Elon Musk a limogé toute l’équipe de Twitter dédiée aux droits de l’Homme ne sont «pas, de mon point de vue, un début encourageant», synthétise le Haut-commissaire.

Elon Musk, l’homme le plus riche du monde, a pris le contrôle de Twitter le 28 octobre, après avoir acheté le réseau social à l’oiseau bleu 44 milliards d’euros. Ses premiers pas en tant que boss : conseil d’administration dissous, dirigeants congédiés et licenciement d’environ la moitié des 7 500 salariés.

Six principes fondamentaux

En réaction aux remous des derniers jours, le Haut-Commissaire aux droits de l’Homme énonce, dans sa lettre ouverte, six principes fondamentaux. Parmi lesquels la liberté d’expression, la protection de la vie privée et la garantie de la transparence. Mais cette liberté d’expression «n’est pas un laissez-passer», avertit Volker Türk, soulignant que la propagation virale de fausses informations, notamment lors de la pandémie de Covid-19, entraînait des dommages dans le monde réel : «Twitter a la responsabilité d’éviter d’amplifier les contenus qui portent atteinte aux droits des personnes.»

Il insiste : «Il n’y a pas de place pour la haine qui incite à la discrimination, à l’hostilité ou à la violence sur Twitter.» Et rappelle que «le discours de haine s’est répandu comme une traînée de poudre sur les réseaux sociaux… avec des effets terribles et en mettant des vies en danger». En somme, sa demande : que Twitter continue à interdire les discours de haine et s’efforce de supprimer rapidement tous ces types de contenu. Mais aussi : «Il est essentiel que Twitter s’abstienne de suivre de manière intrusive les utilisateurs et de collecter des données personnelles, et qu’il résiste, dans toute la mesure du possible en vertu des lois applicables, aux demandes injustifiées des gouvernements concernant les données des utilisateurs.»

Volker Türk exhorte par ailleurs Musk à maintenir l’accès aux données de Twitter, alors que la recherche est essentielle pour comprendre l’impact des réseaux sociaux. Et réclame également que Twitter ait des capacités de modération de contenus dans toutes les langues et tous les contextes, pas seulement aux Etats-Unis ou pour les contenus en anglais. Des priorités qui ne semblent pas être à l’ordre du jour pour le milliardaire.