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Libération
Tout pneu tout flamme

Mais qui brûle les voitures Tesla de Niort ?

En six mois, douze véhicules électriques de la célèbre marque du milliardaire Elon Musk ont été incendiés dans la ville des Deux-Sèvres. Les enquêteurs privilégient la piste criminelle.
Une Tesla incendiée. (Christophe Gateau/AP)
publié le 24 mars 2025 à 16h46

Depuis six mois, les propriétaires niortais de Tesla sont victimes d’un étrange phénomène. Dans les rues de la ville de 60 000 habitants, les quatre-roues de la célèbre marque du milliardaire Elon Musk prennent feu. Au total, entre septembre et mars, douze véhicules électriques ont été ravagés par les flammes, selon le décompte de la Nouvelle République. D’après le journal régional, une enquête pour «dégradation ou détérioration du bien d’autrui par moyen dangereux pour les personnes» a été ouverte par le parquet. Et, sans surprise, les enquêteurs privilégient la piste criminelle.

Avenue Léo-Lagrange le 28 novembre, avenue de Limoges le 15 octobre, place Georges-Renon le 30 décembre… Dans la nuit du 17 au 18 mars, la liste des voitures visées s’est encore allongée avec deux Tesla incendiées dans le village de Chauray, à 10 kilomètres de la préfecture. Des faits confirmés par le maire de la commune Claude Boisson auprès du journal : «Les voitures appartenaient à l’agence Territoria Mutuelle, elles étaient stationnées l’une à côté de l’autre.»

Le courroux suscité par Elon Musk est-il à l’origine de ces multiples départs de feu niortais ? Depuis son implication à coups de millions de dollars dans la campagne de Donald Trump aux Etats-Unis et sa prise de fonction dans son administration, l’homme le plus riche du monde attire bien des ennuis à son entreprise phare. Ventes en berne, cours boursier en chute libre et actions violentes troublent les affaires de la société texane. Outre-Atlantique, plusieurs de ses engins ont été brûlés à coups de cocktails molotov à travers le pays. D’autres ont été tagués à la bombe de peinture : «voitures nazies», pouvait-on lire dessus, référence aux deux saluts nazis distribués par le milliardaire le jour de l’investiture de Donald Trump.

La musique à fond pour faire fuir les vagabonds

La vague d’indignation à l’égard du richissime homme d’affaires n’épargne pas la France. Rien que début mars, en Haute-Garonne, douze voitures électriques ont été enflammées sur le parking d’une concession de l’entreprise. Pour faire face à ce que le PDG a parfois qualifié d’actes de «terrorisme», Tesla a récemment dévoilé un plan d’urgence. Une mise à jour de son mode de sécurité dit «mode Sentinelle». En plus de filmer les événements extérieurs et prévenir les propriétaires en cas d’activité suspecte, les quatre-roues pourront bientôt balancer de la musique à plein volume pour effrayer tout brigand.

En ce qui concerne la ville de Niort, aucune interpellation n’a pour l’heure eu lieu, rapporte la Nouvelle République. Aucune, si l’on omet celle d’un septuagénaire le 20 février dernier, placé en garde à vue après avoir rayé deux voitures Tesla sur le parking d’un centre hospitalier. Devant les policiers, il n’a pas tourné autour du pot et a justifié son coup de sang : il n’aime pas Elon Musk. Tout simplement.

Sans revendiquer directement ces incendies en série, un média anarchiste – Indymedia Nantes – en dresse de son côté la liste détaillée dans un article intitulé «15 voitures de bourgeois mises hors service». Dans le lot des autos rôties figurent aussi deux Porsche et une Aston Martin. «Aucun de ces véhicules n’a pris de feu de manière accidentelle», insiste le site internet, pour qui «les gestes seront toujours plus efficaces que les paroles».