Les résultats sont bons. Mais tout de même décevants pour les investisseurs. En effet, alors qu’ils avaient triplé au cours des derniers trimestres, les revenus du champion américain des semi-conducteurs Nvidia n’ont fait «que» doubler pour son deuxième trimestre décalé (+ 122 % sur un an), révèle la société américaine mercredi 28 août. En outre, le mastodonte fait état d’un chiffre d’affaires à 30 milliards de dollars pour la période allant de fin avril à fin juillet. Plus que les 28,8 milliards attendus par certains analystes… mais moins que les 38 milliards espérés par d’autres. De quoi provoquer une petite panique sur le marché.
Dans la foulée des résultats, les actions Nvidia chutaient ainsi de 7 %, effaçant 200 milliards de dollars (180,21 milliards d’euros) de capitalisation. Surtout, la nouvelle semait comme un trouble au sein du secteur. D’après le média l’Usine nouvelle, plusieurs entreprises de l’intelligence artificielle perdaient un total de 100 milliards de dollars de capitalisation. A l’image de Broadcom et Advanced Micro Devices qui reculaient chacun d’environ 2 %. Ou de Microsoft et Amazon qui trébuchaient d’1 % chacune. «Nvidia continue à défier les lois de la gravité», a salué Matt Britzman, de l’entreprise de services financiers Hargreaves Lansdown, «mais la réaction du titre montre que ce n’est pas suffisant pour que le marché s’en satisfasse». «Il ne s’agit plus de dépasser les attentes, mais de les exploser et la performance d’aujourd’hui semble avoir un peu déçu» les investisseurs.
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Ce jeudi 29 août toutefois, les Bourses mondiales semblaient aller de l’avant et digérer les résultats de Nvidia. En Europe en début d’après-midi, Londres s’octroyait 0,34 %, Francfort 0,69 %, Paris 0,73 % et Milan 0,88 %. D’après l’analyste d’ActivTrades Pierre Veyret, cette légère remontée peut signifier que «les investisseurs se sont rendu compte que leurs attentes, motivées par la dernière série de résultats trimestriels solides de Nvidia, étaient peut-être trop optimistes».
D’autant plus que, sur la copie, le bilan de Nvidia est plutôt bon. Le chiffre d’affaires ressort à 30 milliards de dollars pour la période allant de fin avril à fin juillet, soit nettement plus que les 28,8 milliards attendus par les analystes, selon un consensus établi par FactSet. Par ailleurs, Nvidia table sur des revenus de 32,5 milliards de dollars au troisième trimestre, un chiffre également supérieur aux projections du marché, qui anticipe 31,7 milliards.
«La puce la plus puissante au monde»
Depuis plus de deux ans, le géant technologique pulvérise, trimestre après trimestre, les attentes de Wall Street. Il est dopé par la demande pour ses désormais fameuses cartes graphiques (GPU), des puces aux capacités de calcul démultipliées, indispensables au développement de l’intelligence artificielle (IA) dite générative. «La demande pour le Hopper demeure soutenue et les attentes vis-à-vis du Blackwell sont incroyables», a commenté le directeur général et cofondateur de Nvidia, Jensen Huang, cité dans un communiqué.
Le Hopper est une famille de microprocesseurs qui comprend le H100, produit vedette de la firme, de loin le plus demandé du secteur et qui vaut plusieurs dizaines de milliers de dollars pièce. Mi-mars, Nvidia a présenté le Blackwell, famille de GPU successeurs du H100. «La puce la plus puissante du monde», selon l’entreprise, doit être commercialisée d’ici la fin de l’année. Le patron du groupe a indiqué que les premiers échantillons du Blackwell étaient en cours d’expédition aux grands clients de l’entreprise.
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«La sortie rapide du Blackwell sera essentielle pour conserver sa position dominante sur le marché de plus en plus concurrentiel des puces IA», a prévenu Jacob Bourne, d’Emarketer. Le site spécialisé The Information avait révélé, début août, que Nvidia avait décidé de reporter de trois mois la commercialisation du Blackwell, estimant qu’il présentait des défauts de conception. «Les commentaires (des dirigeants) concernant le Blackwell devraient calmer une partie des inquiétudes liées au fait que ces retards pourraient avoir un impact considérable sur les résultats du prochain trimestre», a commenté Matt Britzman.
«Les centres de stockage de données (data centers) sont pied au plancher pour moderniser leur infrastructure informatique avec des capacités de calcul accélérées et de l’intelligence artificielle», a affirmé Jensen Huang. Sur son deuxième trimestre, Nvidia a dégagé un bénéfice net de 16,6 milliards de dollars (+ 168 %). Rapporté par action et hors éléments exceptionnels, indicateur de référence du marché, il ressort à 68 cents, soit au-dessus des 61 cents annoncés par les analystes.
Jacob Bourne a souligné que les marges du groupe «faisaient jeu égal avec celles des trimestres précédents, malgré l’incertitude économique et les inquiétudes liées à une possible bulle de l’IA». «L’avance creusée par Nvidia sur le marché des centres de données leur donne une marge à court terme et devrait maintenir leur part de marché autour de 85 à 89 %, au pire», a estimé Lucas Keh, de Third Bridge.