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Meta : le conseil de surveillance s’inquiète de la fin du fact-checking

L’instance a appelé mardi 22 avril le groupe à mieux évaluer les conséquences sur les droits humains de sa décision de sabrer dans le fact-checking.
Le PDG de Meta, Mark Zuckerberg, au tribunal de Washington, aux Etats-Unis, le 15 avril. (Nathan Howard/REUTERS)
publié le 23 avril 2025 à 9h31

Le conseil de surveillance de Meta ne voit pas d’un bon œil l’assouplissement de la modération sur ses plateformes. L’instance a appelé mardi 22 avril la direction du groupe à mesurer les possibles effets sur les atteintes aux droits humains de la suppression de son programme de fact-checking aux Etats-Unis.

Ce conseil de surveillance, créé en 2020, a estimé que la décision du groupe, en janvier, de renoncer à ses partenariats avec des organisations indépendantes de vérification avait été prise «à la hâte, en rupture avec la procédure normale», selon un rapport. Elle n’a notamment été accompagnée «d’aucune information publique quant aux évaluations, si elles ont été réalisées, de son impact sur les droits humains» sur les réseaux sociaux Facebook, Instagram et Threads.

Série de recommandations

Au début de l’année, Meta a annoncé la fin du fact-checking aux Etats-Unis et a mis à jour son règlement et ses pratiques sur la modération des contenus. Le groupe a ainsi décidé d’écarter moins de messages et de publications susceptibles de faire entorse à ses standards, notamment en matière de propos visant des minorités.

Meta a fait valoir que, jusqu’ici, «trop de contenus étaient censurés alors qu’ils n’auraient pas dû l’être». Son patron Mark Zuckerberg, tentant de revenir dans les bonnes grâces de Donald Trump, avait fait valoir que ces changements avaient pour but de «revenir à nos racines en matière de liberté d’expression».

En réaction, plusieurs organisations ont mis en garde contre les conséquences de ces changements pour les minorités, notamment la communauté LGBTQIA +. «Il est aujourd’hui essentiel que Meta identifie et traite les effets négatifs qui pourraient en résulter sur les droits humains», a demandé le conseil, qui a formulé une série de recommandations liées aux modifications annoncées début janvier.

Notes de contexte

Il a, entre autres, suggéré à Meta de «mesurer l’efficacité des notes de contexte, par comparaison au fact-checking, tout particulièrement dans des situations où la propagation de fausses informations pose un risque pour la sécurité des personnes».

En effet, le groupe californien a choisi de remplacer le fact-checking par des commentaires produits par des utilisateurs référencés estimant qu’un message nécessite des précisions ou de la contextualisation, le plus souvent en y joignant des sources. Ce système est une déclinaison de celui utilisé sur X. Plusieurs études ont conclu que les notes de contexte n’avaient qu’un effet limité pour empêcher la propagation de la désinformation sur la plateforme.

Mardi toujours, le conseil a rendu plusieurs décisions concernant des contenus dont il avait été saisi. Parmi les cas les plus marquants, celui de deux messages postés en marge d’émeutes au Royaume-Uni après le meurtre de trois enfants, fin juillet.

Zone à risque

L’homme soupçonné d’être le tueur avait été présenté à tort comme un demandeur d’asile de confession musulmane alors qu’il est né au pays de Galles dans une famille originaire du Rwanda. Le premier des deux messages, générés grâce à l’intelligence artificielle, mettait en scène un homme pourchassant un individu identifié comme musulman. Le second montrait quatre hommes, également présentés comme musulmans, à la poursuite d’un jeune enfant.

Saisi par des utilisateurs, Meta avait décidé, après examen, de laisser ces messages sur ses plateformes. Ils «présentaient un risque de mise en danger imminente» d’individus et «auraient dû être retirés», a au contraire jugé le conseil. Ce dernier souligne que le Royaume-Uni n’a été identifié comme zone à risque que plus d’une semaine après le début des émeutes et se dit «préoccupé de voir Meta se montrer trop lent à mettre en place des mesures de crise».