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Influence en ligne

Meta supprime de Facebook près de 5 000 faux comptes chinois utilisés pour des campagnes de désinformation

La firme de Mark Zuckerberg se lance dans une bataille contre les faux comptes chinois, après avoir constaté une recrudescence de ces derniers. Sur fond de campagnes électorales à venir, Meta a annoncé en avoir supprimé plusieurs milliers.
Meta est le groupe propriétaire de Facebook, Instagram ou encore WhatsApp. (Jeff Chiu/AP)
publié le 1er décembre 2023 à 12h59

Meta contre faux comptes chinois, le bras de fer est lancé. Le groupe à la tête de Facebook, Instagram ou encore WhatsApp a dénoncé jeudi 30 novembre une hausse des campagnes de propagande en ligne en provenance de Chine. Et cette augmentation n’est pas sans raison. En ligne de mire de ces réseaux de désinformation ? La présidentielle américaine de 2024, mais aussi les autres échéances électorales ailleurs dans le monde.

La firme américaine a annoncé avoir déjà supprimé 4 789 faux comptes Facebook issus d’une campagne liée à la politique intérieure américaine, et aux relations du pays avec la Chine. Une désinformation organisée que Meta situe dans le pays asiatique, mais ne va pas jusqu’à attribuer à son gouvernement.

Les attaques du genre, la firme de Mark Zuckerberg connaît. Elle a même précisé avoir déjà démantelé cinq réseaux d’influence coordonnée, dans d’autres pays, cette année. Pour cette nouvelle opération, les faux comptes faisaient l’éloge de la Chine ou s’en prenaient aux critiques à l’encontre du pays. Parmi les méthodes employées, des copiés-collés de vrais messages diffusés en ligne par des politiciens américains, jugés susceptibles de nourrir les divisions partisanes, selon le dernier rapport de sécurité de Meta. Les profils se nourrissaient également les uns les autres, en partageant et en laissant des «j’aime» sur les contenus de comptes du même genre.

Une désinformation sur fond d’élection

Dans les thématiques abordées, à boire et à manger : le droit à l’avortement, des questions de guerre culturelle, ou encore l’aide à l’Ukraine d’après la BBC, sans pour autant qu’une idéologie claire ne se dégage. La campagne partageait ainsi aussi bien des citations de politiques pro ou anti avortement, dans ce qui ressemble à une simple volonté de semer la discorde.

Du côté du géant du numérique américain, on s’inquiète surtout des élections à venir. «Nous devons nous attendre à voir des opérations d’influence étrangères tenter de tirer parti des vraies formations politiques et du débat plutôt que de créer des contenus originaux», a déclaré le responsable de la division de renseignement sur les menaces mondiales de Meta, Ben Nimmo. L’équipe d’experts en sécurité du groupe s’attend également à l’utilisation de fausses «fuites» de matériel prétendument piraté pour influencer la campagne électorale.

Les «auteurs étrangers» de ce genre «tentent d’influencer les électeurs sur internet avant les élections de l’année prochaine, et nous devons rester sur nos gardes», a expliqué Ben Nimmo, en présentant le rapport de sécurité. «Nous nous attendons à voir, si les relations avec la Chine deviennent un sujet électoral, des opérations d’influence basées en Chine se mettre à cibler ces débats», a-t-il ajouté.

De nouveaux outils de propagande

La Chine ne serait pourtant pas le terrain le plus prolifique pour de tels réseaux. La Russie continuerait, selon Meta, de faire la course en tête en la matière – avec pour principal enjeu la guerre en Ukraine, mais aussi celle entre le Hamas et Israël. Vient ensuite l’Iran, puis la Chine qui complète le podium.

Etats-Unis, Russie, Inde, Union Européenne… En 2024, près de la moitié de la population mondiale – quelque 49 % selon des calculs de l’AFP – sera concernée par des élections. Une trentaine de pays désigneront leur président, une vingtaine leurs parlementaires. Un enjeu de taille pour Meta, qui joue un rôle capital dans le secteur de l’information. «Nous devons tous nous préparer à un volume plus important de contenus virtuels et nos défenses doivent continuer d’évoluer pour faire face à ce défi», analyse Nathaniel Gleicher, responsable de la division renseignement sur les menaces mondiales de Meta.

Une problématique accentuée par l’avènement de nouveaux outils comme ChatGPT, utilisé pour produire des campagnes de propagande via l’utilisation de faux contenus. «Les acteurs des menaces peuvent utiliser l’IA pour créer des volumes plus importants de contenus persuasifs, même s’ils n’ont pas les connaissances culturelles ou linguistiques pour s’adresser à leurs publics» explique Nathaniel Gleicher.