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Données personnelles

Mise en cause pour des failles de sécurité, Olvid, la messagerie des ministres, se défend et parle de «conspirationnisme»

La messagerie française, imposée aux ministres à la place de WhatsApp ou de Signal, fait l’objet de critiques pour son recours à des serveurs américains.
(Jakub Porzycki/NurPhoto. AFP)
publié le 13 décembre 2023 à 13h09

Un peu livide, Olvid. La messagerie française, imposée aux ministres par Elisabeth Borne, s’est défendue de toute faille de sécurité mardi 12 décembre, après des mises en cause notamment parce qu’elle a recours aux serveurs du géant américain AWS. «Olvid ne crée aucun annuaire centralisé de ses utilisateurs, ne collecte pas leurs adresses IP [les identifiants des appareils connectés, ndlr] ni leurs données de connexion, et tout est chiffré de bout en bout avec des algorithmes de chiffrement du plus haut niveau de sécurité», a fait valoir son PDG et cofondateur, Thomas Baignères.

Le site l’Informé, la semaine dernière, ainsi que le Canard enchaîné ce mercredi 13 décembre reprochent à Olvid de faire héberger son serveur de distribution des messages par Amazon Web Services (AWS), filiale d’Amazon, donc soumise aux lois extraterritoriales américaines qui permettent en principe aux autorités américaines de les réclamer. «Le fait qu’il s’agisse de serveurs d’AWS n’est pas important en termes de sécurité, car il s’agit de données cryptées, avec un chiffrement du niveau secret-défense. Dire que ce chiffrement pourrait un jour être percé relève du conspirationnisme, car si c’était le cas, il n’y aura plus rien de sécurisé sur Internet, ni transaction financière ni aucune autre», s’est agacé Thomas Baignères.

Olvid, plus sûre ?

La société affiche sur son site qu’elle fait héberger son serveur de distribution des messages par AWS. Olvid, détenue par des cofondateurs français, est la seule messagerie dont la sécurité est certifiée par l’Agence nationale de sécurité des systèmes d’information (Anssi). La Première ministre a demandé fin novembre aux ministres et à leurs cabinets de remplacer les messageries classiques, comme WhatsApp, Telegram ou Signal, par Olvid, jusque-là inconnue du grand public, que le gouvernement considère comme plus sûre.

La semaine dernière, Meta, maison mère de Facebook et WhatsApp, a commencé à chiffrer de bout en bout «toutes les conversations et appels personnels sur Messenger et Facebook», comme c’est déjà le cas sur WhatsApp. Et ce malgré l’opposition de nombreux gouvernements qui, contrairement à la France, s’y opposent, de crainte que ces messageries ne soient utilisées par des criminels devenus impossibles à tracer.