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Libération
Course à l'IA

Mistral : 600 millions d’euros levés pour l’espoir français de l’intelligence artificielle, valorisé 6 milliards

La start-up française, qui compte bien concurrencer OpenAI et son ChatGPT, a levé au total un milliard d’euros en un an pour développer ses modèles d’IA.
(Betul Abali/AFP)
publié le 11 juin 2024 à 19h20

De l’argent comme s’il en pleuvait. La pépite française de l’intelligence artificielle Mistral AI vient de boucler une levée de fonds de 600 millions d’euros, a annoncé la société ce mardi 11 juin. Avec 385 millions d’euros déjà récoltés en décembre 2023, et 105 millions en juin de la même année, ce nouvel investissement porte à plus d’un milliard d’euros le montant total levé un an. Mistral devient ainsi la start-up de l’IA la mieux financée d’Europe. D’autant que cette nouvelle levée de fonds la valorise à près de 6 milliards d’euros, selon la presse financière.

Car les start-up du secteur sont très gourmandes en cash – plusieurs dizaines de millions par an – nécessaire pour payer du temps de calcul sur de très gros serveurs pour entraîner leurs grands modèles de langage. «Je suis ravi de voir des investisseurs nouveaux et existants renouveler leur confiance dans notre activité et apporter un nouveau soutien à son développement», a déclaré le PDG de 31 ans, Arthur Mensch, également cofondateur de Mistral AI et ex-ingénieur chez DeepMind, le labo d’IA de Google. Ce nouveau tour de table, précise-t-il, «garantit le maintien de l’indépendance de l’entreprise, qui reste entièrement sous le contrôle des fondateurs».

Mené par General Catalyst, ce tour de table réunissait de nombreux investisseurs, parmi lesquels l’éditeur américain de logiciels Salesforce, la banque BNP Paribas, le géant des puces électroniques Nvidia ou encore IBM. Mais pas Microsoft, qui a investi en février près de 15 millions d’euros dans Mistral AI.

Selon le Financial Times, cette campagne de financement porte ainsi à près de 6 milliards d’euros la valorisation de l’entreprise, soit trois fois plus qu’il y a six mois. De son côté, Mistral a déclaré que cet argent va lui permettre de «développer sa puissance de calcul, continuer à recruter les meilleurs talents et élargir sa présence à l’international», notamment aux Etats-Unis après l’ouverture de son antenne californienne.

Une volonté de se différencier des Américains

Mistral, concurrent des géants de l’intelligence artificielle comme le pionnier OpenAI, a présenté fin février un troisième modèle de langage, «Mistral Large». Un modèle aux performances comparables à GPT-4 d’OpenAI, selon la start-up française, qui est disponible pour les clients d’Azure AI, la plateforme de Microsoft.

Créé en avril 2023, Mistral AI, dont les trois fondateurs français sont issus des rangs de Meta (maison mère de Facebook) et de Google, a toujours assumé sa volonté de proposer une option alternative aux modèles des grandes entreprises américaines de la tech. «Il y a un sujet de dépendance culturelle assez forte» vis-à-vis des États-Unis en matière d’IA, soulignait Arthur Mensch en octobre. Contrairement à ses homologues américains, Mistral AI mise par exemple sur le développement de modèles en «open source» (en sources ouvertes), utilisables par tous.

Une volonté d’indépendance encouragée par la sphère politique : alors que Mistral AI réussissait une première levée de fonds en juin 2023, Emmanuel Macron avait clamé son souhait de voir la France devenir «championne» dans le domaine. Mi-janvier, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, avait quant à elle incité l’UE à «redoubler d’efforts» pour ne pas se laisser distancer.