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Nvidia, ce géant de la tech qui donne un coup de puce à Wall Street en surfant sur l’IA

Intelligence artificielle (IA) : de la fascination à l'inquiétudedossier
Fort d’une intelligence artificielle générative en plein boum, l’entreprise américaine de puces électroniques ne cesse de croître. Pour le plus grand bonheur de la Bourse de New York.
Une unité de traitement graphique (GPU) de la multinationale américaine Nvidia, le 23 février 2024 à Paris. (Joel Saget/AFP)
publié le 26 février 2024 à 11h15

Google, Amazon, Facebook, Apple, Microsoft, Tesla… et Nvidia : les «sept magnifiques» de la tech selon les experts. Si le géant des puces électroniques est le moins connu du grand public, c’est bien lui qui attire tous les regards dernièrement, fort de résultats brillants à Wall Street. Bref passage au-dessus des 2 000 milliards de dollars de valeur marchande jeudi 22 février, augmentation de 277 milliards sur cette seule journée – le plus haut gain quotidien jamais enregistré à la Bourse new-yorkaise : l’entreprise surfe depuis plus d’un an sur l’explosion de l’IA.

Fondée en 1993, la «Nvidia Corporation» s’est d’abord fait connaître auprès des gamers, avides de composants électroniques puissants pour faire tourner des jeux vidéo de plus en plus gourmands en ressources, avec ses processeurs graphiques (GPU) à la pointe de la technologie. Déjà bien installée, l’entreprise a bénéficié d’un coup de pouce inattendu pendant la pandémie de Covid-19 et son confinement, avec un important gain de popularité des jeux vidéo et des systèmes de cloud, des services de stockage dématérialisé en ligne. Au point de rapidement s’imposer comme la référence dans son secteur.

Et les planètes se sont alignées une seconde fois pour Nvidia avec l’avènement de l’intelligence artificielle et de ses modèles génératifs. Cette technologie, qui permet de produire du texte, des images et d’autres données sur simple requête en langage courant, a suscité un engouement hors norme depuis le lancement réussi de ChatGPT par OpenAI fin 2022. Du pain béni pour l’entreprise, dont les composants pour jeux vidéo répondent aux mêmes besoins que l’entraînement des modèles de langage par IA, et servent aussi à leur application pratique, ou «inférence» – quand un utilisateur formule une requête et que le modèle répond avec la suite logique de mots-pixels-sons-code la plus probable.

Une croissance sans fin

«Quasiment chaque fois que vous interagissez avec ChatGPT, chaque fois que vous utilisez Midjourney (générateur d’images), chaque fois que vous générez ces incroyables vidéos avec Sora (dernier-né d’OpenAI) ou Runway, Nvidia fait de l’inférence», a souligné Jensen Huang, dirigeant de l’entreprise, lors d’une conférence destinée aux analystes. La demande pour ses composants est telle que la société doit arbitrer entre ses clients, souvent concurrents. «Nous faisons de notre mieux pour allouer équitablement et éviter d’allouer inutilement» quand un centre de données n’est pas encore prêt, a poursuivi le dirigeant.

Et le filon de l’intelligence artificielle, considérée par beaucoup comme une révolution digne de celle d’Internet, n’est pas près de s’épuiser. Le secteur fédère déjà des investissements par milliard, avec un intérêt pour les composants clés à leur fonctionnement qui ne faiblit pas. En témoigne le projet de fou de Sam Altman, dirigeant d’OpenAI qui veut lever 7 000 milliards de dollars pour produire des semi-conducteurs.

En tout, sur l’ensemble de son exercice annuel qui s’est terminé fin janvier, le groupe basé à Santa Clara en Californie a réalisé près de 61 milliards de dollars de revenus et a multiplié par six ses profits, à près de 30 milliards. Le géant a également conclu en grande forme une année 2023 record, avec 22 milliards de dollars de chiffre d’affaires net entre novembre et janvier – un résultat largement supérieur à ses prévisions et aux attentes du marché, et que Nvidia estime voir monter à 24 milliards. L’évolution se traduit aussi en bourse, où l’entreprise a dépassé Amazon et Alphabet (Google) pour se hisser en quatrième place en termes de valorisation.