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Reconversion

OpenAI, la start-up derrière ChatGPT, veut devenir une entreprise à but lucratif

Intelligence artificielle (IA) : de la fascination à l'inquiétudedossier
Jusqu’à présent, la société était dirigée par un conseil d’administration d’organisation à but non lucratif, censé placer la sécurité et la gestion des risques de l’intelligence artificielle avant la quête de profits.
Sam Altman, directeur général d'Open AI, à New York le 23 septembre. (Bryan R. Smith/REUTERS)
publié le 26 septembre 2024 à 12h12

La quête de profits pourrait officiellement devenir la priorité d’OpenAI. La société ayant enfanté le robot conversationnel à succès ChatGPT chercherait à se transformer en une organisation à but lucratif, révèle Reuters ce jeudi 26 septembre. Jusqu’à présent, la start-up à la pointe de l’IA était contrôlée par le conseil d’administration de son organe à but non lucratif. Une construction initialement pensée pour bâtir une IA «sûre et largement bénéfique» à tous. L’avantage de cette nouvelle restructuration ? Attirer davantage de financements. L’inconvénient ? Risquer de reléguer la gestion des risques de l’IA (désinformation, armes autonomes, pertes d’emplois…) au second plan.

Jusqu’à présent, OpenAI était composé par deux entités : une association à but non lucratif et une filiale à but lucratif plafonné. D’après des sources proches du dossier interrogées par Reuters, la première continuera bien d’exister. Toutefois, elle détiendra une participation minoritaire au sein de l’entreprise. Pour la première fois, le PDG Sam Altman pourrait aussi recevoir des parts dans la société qui pourraient valoir 150 milliards de dollars (143 milliards d’euros) après la restructuration.

Pour l’heure, l’agence précise que la nouvelle structure est toujours en cours d’élaboration. Et qu’aucune date de finalisation n’est encore décidée. Toutefois, cette restructuration intervient dans un contexte d’annonces intempestives de changements au sein de la direction. Rien que mercredi 25 septembre, la responsable technique de la start-up Mira Murati a révélé son départ du groupe. Dans son message posté sur le réseau X, l’ingénieure à l’origine de ChatGPT, qui sera restée six ans au sein d’OpenAI, n’a pas précisé les raisons de cette démission, disant simplement vouloir se laisser du «temps et l’espace nécessaires à (sa) propre exploration». Un départ qui dans la foulée en a amené deux autres : ceux du directeur de la recherche Bob McGrew et du vice-président en charge du post-entraînement des modèles, Barret Zoph.

«Il est difficile de rendre compte de ce que Mira a représenté pour OpenAI, pour notre mission et pour nous à titre personnel», a réagi Sam Altman sur X. Quelques mois auparavant, c’était le cofondateur et responsable scientifique Ilya Sutskever qui mettait les voiles. Un autre cofondateur, John Schulman, a aussi changé d’air, tandis que le président, Greg Brockman, s’est mis en congé. De même que Jan Leike, responsable de la gestion des risques associés à l’IA générative. Ce dernier avait justifié sa décision par le fait que, selon lui, «les produits étincelants [avaient] pris le pas sur la culture de la sécurité et des procédures» de l’organisation.

Levée de fonds de 6,5 milliards de dollars

La mise en place d’un statut «à but lucratif» entérinerait-elle cette bascule ? Déjà, en novembre 2023, le limogeage raté de Sam Altman par le conseil d’administration avait semblé avantager les partisans d’un développement rapide de l’IA. Une majorité des administrateurs reprochait à l’entrepreneur un manque de transparence dans sa communication et un manque d’attention aux questions de sécurité que pose le développement de l’IA générative. Après une fronde des employés d’OpenAI, le conseil avait finalement fait marche arrière et réintégré Sam Altman. Surtout, le CA avait été renouvelé, avec davantage de dirigeants technologiques en son sein. Bret Taylor, ancien co-PDG de Salesforce, en devenait quant à lui le président.

D’après Reuters, la nouvelle restructuration, qui amène OpenAI à davantage fonctionner une start-up typique, est une mesure bien accueillie par les investisseurs. Notamment à l’heure où l’entreprise se préparerait, selon plusieurs médias, à une nouvelle levée de fonds qui pourrait atteindre 6,5 milliards de dollars et valoriserait le groupe à environ 150 milliards. Auprès de Reuters, un porte-parole de la start-up rassure : «Nous restons concentrés sur la création d’une IA qui profite à tous, et nous travaillons avec notre conseil d’administration pour nous assurer que nous sommes les mieux placés pour réussir notre mission. L’association à but non lucratif est au cœur de notre mission et continuera d’exister.» Pas comme l’équipe de chercheurs chargée d’endiguer les risques futurs d’une «super IA», dissoute en mai.