En se plaçant très tôt sur une niche prometteuse, la conception de cartes graphiques puissantes, Nvidia s’est assuré un bel avenir - à condition de ne pas faire dans la concurrence déloyale -. L’autorité de la concurrence a mené mardi 26 septembre une perquisition au siège français du géant américain Nvidia d’après le magazine Challenges. L’opération de «visite et saisie inopinée» visait «une entreprise suspectée d’avoir mis en œuvre des pratiques anticoncurrentielles dans le secteur des cartes graphiques», expliquait l’autorité dans un communiqué sans nommer l’entreprise concernée. L’autorité précise tout de même qu’une telle intervention ne préjuge pas la culpabilité de l’entreprise concernée, «que seule une instruction au fond permettra […] d’établir».

La perquisition a été autorisée par un juge des libertés et de la détention, explique l’antitrust français qui avait averti fin juin des risques de pratiques anticoncurrentielles à l’heure du développement à grande vitesse de l’intelligence artificielle. Il aura fallu trois mois pour voir Nvidia faire l’objet d’une perquisition, attestant de la volonté de l’autorité à traduire sa déclaration par des actions concrètes. Interrogée le 28 septembre par l’AFP à ce sujet, la société a refusé de commenter.

Le fondateur et patron de l’entreprise américaine, Jensen Huang, a parié il y a des années sur des processeurs puissants prisés des développeurs de jeux vidéo. Avec le développement de l’intelligence artificielle générative dont les besoins sont proches de ceux demandés par un jeu vidéo, Nvidia devient un incontournable en matière de hardware. Aucune entreprise ne peut mettre au point de systèmes d’IA générative sans s’appuyer sur les processeurs graphiques, ces puces qui permettent de traiter les images.

La compagnie américaine a donc tout intérêt à préserver son statut dans le domaine, et son avance sur des géants du numérique et de l’informatique comme Amazon, Intel ou encore AMD. Au deuxième trimestre, les ventes de Nvidia aux entreprises du cloud ont dépassé les 10 milliards de dollars (+ 171 % sur un an), selon les résultats de l’entreprise publiés fin août.