L’X quitte X. Suivant un mouvement d’exode devenu constant, la prestigieuse Ecole polytechnique (dite «l’X»), a annoncé ce vendredi 10 janvier quitter à son tour le réseau social d’Elon Musk. L’école publique d’ingénieurs sous statut militaire l’a fait savoir – pour la dernière fois, promis – sur X (anciennement Twitter) et à travers un communiqué publié sur son site.
Décryptage
«L’Ecole polytechnique suspend aujourd’hui son activité sur le réseau social X. Cette décision concerne les comptes institutionnels de l’école et de ses filiales», peut-on y lire. «Particulièrement attachée à l’intégrité de la démarche scientifique, l’école considère que les conditions d’une information fiable et éthique ne sont plus réunies sur le réseau X, développe le communiqué. L’évolution éditoriale de la plateforme qui s’est affranchie des bonnes pratiques européennes en matière de lutte contre la désinformation en ligne est ainsi devenue incompatible avec les valeurs de l’Ecole.» Elle donne rendez-vous à ses 60 000 followers sur ses autres réseaux sociaux : LinkedIn, Facebook, Instagram et YouTube.
Fondée en 1794 et située à Palaiseau (Essonne), Polytechnique a notamment vu passer dans ses rangs l’ancien président français Valéry Giscard d’Estaing, plusieurs prix Nobel et médaille Fields. Son choix s’inscrit dans un mouvement de désaffection croissante vis-à-vis du réseau social, racheté en octobre 2022 par le milliardaire américain Elon Musk. Des médias – The Guardian, Ouest France, Mediapart –, des personnalités en tout genre ou des organisations telles que Greenpeace ou, plus récemment, le mémorial de Caen, ont ainsi suspendu leurs publications ou supprimé leur compte depuis l’arrivée de celui qui sera bientôt à la tête d’un ministère de l’efficacité gouvernementale dans l’administration Trump.
Jeudi, une autre grande école française, l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS), a annoncé son départ de X vers Bluesky pour le 20 janvier prochain, jour de l’investiture du nouveau président des Etats-Unis. Polytechnique et l’EHESS ont aussi été imitées ce vendredi, par plus de soixante universités allemandes et autrichiennes. «Les valeurs que sont la diversité, la liberté et la science ne sont plus présentes sur la plateforme», estiment des institutions de renom comme l’université libre de Berlin, l’université Humboldt ou l’université du sport de Cologne, dans une déclaration commune.
Mis à jour à 17h31 avec l’EHESS et les universités germanophones.