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Chronologie

Présidentielle américaine 2024 : la folle soirée électorale d’Elon Musk entre tweets masculinistes, mèmes de boomer et autopromo

Élections américaines de 2024dossier
«Libé» retrace vingt-quatre heures survoltées du propriétaire de X à travers ses tweets sur fond de complicité avec le futur locataire de la Maison Blanche.
Elon Musk lors d'une réunion publique à Pittsburgh le 20 octobre 2024. (Michael Swensen/Getty Images.AFP)
publié le 6 novembre 2024 à 16h50

Pour les enfants, il y a le parc Astérix. Pour Elon Musk, il y a l’élection présidentielle américaine. Il suffit de jeter un rapide coup d’œil au compte du milliardaire sur son réseau social X pour le comprendre : tout au long de la journée électorale américaine, entamée mardi 5 novembre aux Etats-Unis, le patron de Tesla s’est éclaté. En vingt-quatre heures, plus de 70 publications et republications ont inondé son profil. Mèmes de boomer, accusations infondées de fraude électorale, autopromo… Le quinquagénaire, devenu l’un des plus fervents supporteurs de Donald Trump, a canardé avec frénésie. Célébrant au passage sa possible entrée dans l’administration du prochain président des Etats-Unis. Libé a retracé sa soirée électorale en remontant le fil de ses messages.

21h01 : «Avec le vote de demain, l’humanité arrive à un embranchement»

La veille de l’ouverture des bureaux de vote, le fondateur de Space X est déjà au taquet. Pendant des heures, il partage et repartage des extraits du podcast de Joe Rogan où il est intervenu. Le présentateur, accusé de racisme et de complotisme, a annoncé la veille du vote soutenir officiellement la candidature de Donald Trump. Et à son micro, le milliardaire a pris ses aises. Pêle-mêle, il accuse les démocrates de «laisser les criminels violents en liberté». Relaie des accusations (infondées) de fraude électorale. Dans un autre extrait, on le voit remplir tranquillement sa tasse de café tout en prédisant d’un ton grave : «Si Trump ne gagne pas, je pense que ce sera la dernière élection.» D’accord avec lui-même, l’homme d’affaires republie l’extrait et écrit sur X : «Votez pour protéger la démocratie.»

00h38 : «Bravo, Joshua d’Arizona !»

Du pipeau et beaucoup de toupet. Le patron de Tesla félicite un certain «Joshua d’Arizona». Sur une photo, l’homme irradie de bonheur : il vient de remporter un million de dollars. On rembobine. Après avoir annoncé soutenir Donald Trump en juillet, Elon Musk s’est jeté à corps perdu dans la campagne. Au total, le milliardaire a dépensé 75 millions de dollars et a concentré ses efforts sur les swing states où il a lancé une «loterie». Chaque jour jusqu’au scrutin, le signataire d’une pétition pro-Trump pouvait être tiré au sort pour recevoir un chèque d’un million de dollars. Enfin, «au sort». Les vainqueurs sont en réalité des «porte-parole» soigneusement sélectionnés. Ce sont les avocats d’Elon Musk qui ont dévoilé l’imposture devant la justice de Pennsylvanie, lundi 4 novembre, alors que la récompense avait fait l’objet d’une demande de suspension. Une demande que la cour de Philadelphie a décidé malgré tout et sans explication de rejeter.

00h40 : «Cette plateforme est la première source d’information sur Terre !»

Business is business. Tout au long de la journée, Elon Musk agrémente son profil de tweets vantant les mérites de ses entreprises. Bien sûr, il salue à plusieurs reprises Space X. Surtout, il dégouline de compliments pour X. Reprenant un classement des applications les plus téléchargées de l’App Store, il exulte : «Cette plateforme est la première source d’information sur Terre !» Un peu plus tard, il incite : «Envoyez des liens http://X.com à vos amis pour qu’ils sachent ce qui se passe réellement.» Et agrémente le tout de critiques adressées aux «médias traditionnels», jugés biaisés et bourrés de «canulars». Alors que le réseau social est régulièrement alpagué pour sa désinformation galopante depuis son rachat. Et qui, depuis la campagne, est accusé d’agir comme une caisse de résonance en faveur de Donald Trump.

11h09 : «La cavalerie est arrivée»

Que serait Elon Musk sans sa communauté masculiniste ? Il suffit d’un tweet d’un compte anonyme, suivi par 400 000 personnes pour exciter le boss : «J’entends des rapports de partout dans le pays selon lesquels les hommes se présentent en grand nombre aux urnes», affirme l’internaute. Qui ajoute : «La file d’attente devant mon bureau de vote ici en Floride est presque entièrement composée de jeunes hommes.» Réponse du tac au tac d’Elon Musk : «Il s’agit d’un changement radical.» Quelques minutes plus tard, il s’enflamme : «La cavalerie est arrivée. Les hommes votent en nombre record. Ils comprennent désormais que tout est en jeu.» Le milliardaire voit-il, dans cette information non sourcée, le signe d’une victoire de son poulain ? Sûrement. A plusieurs reprises, l’élection a été présentée comme une «guerre des genres» par les sondages, avec des femmes de plus en plus démocrates et des hommes plus républicains que jamais.

15h06 : «Je viens de voter»

«Je viens de voter dans le comté de Cameron, au Texas, où se trouve Starbase [site de Space X, ndlr]», tweete Elon Musk, mardi après-midi. C’est dans cet Etat que l’entrepreneur souhaite délocaliser les sièges de deux de ses entreprises, X et Space X. Une décision prise cet été après un coup de gueule poussé contre l’adoption d’une loi californienne protégeant les élèves trans. Dans un «Space», une conversation audio publique sur X, le chef d’entreprise annonce quelques minutes plus tard s’envoler pour la Floride. Direction Mar-a-Lago, la résidence privée de Donald Trump, où le candidat républicain doit assister aux résultats de l’élection. Pendant sa prise de parole, le patron en profite par ailleurs pour annoncer que l’America PAC, son organisation politique pro-Trump, «va continuer à fonctionner après cette élection, et se préparer pour les élections de mi-mandat et toutes les élections intermédiaires». Notamment dans la prochaine série de courses pour le Congrès et certains bureaux locaux.

00h35 : «Je vous laisse réaliser»

Les anciens comprendront le clin d’œil. A son rachat de Twitter en 2022, Elon Musk était entré dans le siège social du réseau… un évier entre les mains. «Let that sink in», avait-il écrit sur X. Un jeu de mots sur le double sens du mot sink. Deux ans plus tard, il récidive. Vers 6h30 (heure française), les résultats de certains swing states se révèlent favorables à Donald Trump. Et Musk triomphe déjà avec un photomontage de lui et son évier… à la Maison Blanche. Donald Trump lui a en tout cas promis la tête d’une commission chargée d’optimiser les finances du gouvernement. Qu’elle tienne ou non, leur idylle s’avérera au moins lucrative pour le chef d’entreprise : dans le sillage de la victoire de son acolyte, le cours des actions de Tesla a bondi de 13 %.