Un front commun contre Meta. Plus de 200 médias français reprochent au géant d’internet un «ciblage publicitaire basé sur la collecte massive et illicite de données personnelles des utilisateurs», selon un communiqué de leurs avocats, Me Didier Théophile du cabinet parisien Darrois et le cabinet américain Scott + Scott. Les plaignants ont assigné Meta mercredi devant le tribunal des activités économiques de Paris (ex-tribunal de commerce).
Témoignage
Ils entendent «obtenir réparation du préjudice économique massif […] causé par les pratiques commerciales déloyales du géant américain». Ce dernier a, selon eux, «collecté massivement les données personnelles de ses utilisateurs sans informer ni solliciter (leur) consentement», en «violation flagrante des règles européennes sur la protection des données (RGPD)». «En exploitant ces données pour proposer des publicités ultra-ciblées, Meta a pu capter la majorité des investissements publicitaires au détriment des médias», argumentent les avocats, en qualifiant de «première historique» un tel front commun.
Télés, radios et presse écrite
La liste des plaignants comprend tous types de médias : des télévisions et des radios privées et publiques (dont TF1, France Télévisions, Radio France, le groupe RMC BFM, Lagardère, qui détient notamment Europe 1), des quotidiens nationaux (Le Figaro, Libération) et régionaux (dont Ouest France, Centre France, La Voix du Nord, La Dépêche), des magazines (les groupes CMI, qui détient Marianne, et Prisma, propriétaire de Voici) ou encore la plateforme vidéo Dailymotion. Sollicité par l’AFP, Meta n’avait pas réagi dans l’immédiat.
Les avocats des médias concernés font valoir que Meta et Google, autre géant américain d’internet, accaparent l’essentiel du marché de la publicité en ligne. «A eux deux, ils représentent 75 % du marché et 90 % de sa croissance», assurent-ils, en notant que la publicité «constitue l’essentiel» des revenus de Meta, soit «98 % de son chiffre d’affaires mondial».
«Sans les pratiques déloyales de Meta, les médias français auraient bénéficié d’une part significativement plus importante des investissements publicitaires numériques», estiment les avocats.