Menu
Libération
Antitrust

Que compte faire l’Autorité de la concurrence avec sa consultation sur l’IA ?

Intelligence artificielle (IA) : de la fascination à l'inquiétudedossier
L’Autorité de la concurrence ouvre une consultation publique sur l’intelligence artificielle après s’être autosaisie. Qu’est-ce que cela veut dire pour le gendarme français ?
Le secteur de l’intelligence artificielle générative représenterait 42 milliards d’euros de chiffre d’affaires mondial en 2023. (da-kuk/Getty Images)
publié le 8 février 2024 à 17h56

Comment permettre à de nouvelles têtes de se lancer dans un marché archi dominé par des géants de la tech ? C’est le chantier sur lequel a décidé de se pencher l’Autorité de la concurrence, en s’autosaisissant sur le sujet de l’intelligence artificielle. L’institution ouvre ce jeudi 8 février une consultation publique dans le but d’examiner le fonctionnement des acteurs du secteur, a-t-elle précisé dans un communiqué. Ouverte jusqu’au 22 mars, cette démarche devrait mener à la publication d’un avis «dans les prochains mois».

Et l’initiative ne sera pas de trop dans un marché un plein essor. En témoigne le secteur de l’intelligence artificielle générative, qui représenterait 42 milliards d’euros de chiffre d’affaires mondial en 2023 – soit le double de 2022 – et qui pourrait atteindre les 200 milliards d’euros à l’horizon 2030 selon l’institution. Au programme de cette consultation : des questions relatives aux «prises de participations» des grands acteurs du milieu, ainsi qu’aux plateformes de cloud. L’Autorité va notamment entendre les réponses des entreprises à une série de questions sur l’accès aux infrastructures et aux outils nécessaires au développement de ces modèles.

L’IA, une affaire de données

L’objectif : vérifier que les entreprises déjà implantées dans le secteur du numérique ne bénéficient pas d’un avantage concurrentiel, et que leurs pratiques ne limitent pas l’arrivée de nouveaux rivaux. On peut par exemple penser à Meta et à sa base de données de centaines de milliards de publications sur Instagram et Facebook, utilisée pour entrainer son modèle de langage d’intelligence artificielle, Llama. De quoi donner le vertige à de potentiels concurrents. La consultation devrait permettre de réaliser un état des lieux du milieu, avant d’envisager des actions plus concrètes. L’Autorité de la concurrence aurait ainsi en ligne de mire des firmes comme Google, Amazon ou Microsoft.

Le gendarme français de la concurrence confirme faire de l’IA son nouveau cheval de bataille. Déjà en novembre, pour son président Benoît Cœuré, l’intelligence artificielle avait «le potentiel devenir le musée des horreurs de l’anti-trust si on ne fait rien». Auquel cas, l’Autorité de la concurrence pourrait aller plus loin qu’une simple consultation. La société Nvidia peut en témoigner : en septembre, l’institution avait mené une perquisition dans ses locaux français. L’entreprise, spécialisée dans la fabrication de puces très prisées pour l’intelligence artificielle, était soupçonnée de pratiques anticoncurrentielles. Si la visite inopinée n’atteste pas de la culpabilité de Nvidia, le message reste clair : gare à l’entreprise, aussi puissante soit-elle, qui miserait sur des pratiques déloyales pour dominer le marché.