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Libération
Décryptage

Trois questions sur Threads, le rival de X (ex-Twitter) lancé par Meta en Europe

La maison mère de Facebook lance ce jeudi 14 décembre Threads dans l’UE, un réseau social qu’elle espère voir concurrencer la plateforme d’Elon Musk.
(STEFANI REYNOLDS/AFP)
publié le 14 décembre 2023 à 12h27
(mis à jour le 14 décembre 2023 à 12h27)

Ça y est, le «Twitter Killer» débarque sur le Vieux Continent. Le groupe Meta (Facebook, Instagram) a lancé ce jeudi 14 décembre en Europe son réseau social Threads, qui était jusqu’ici indisponible dans l’UE. «Aujourd’hui, nous ouvrons Threads à davantage de pays en Europe. Bienvenue à tous», s’est félicité le PDG du groupe, Mark Zuckerberg, sur son compte. Libé résume pour vous ce qu’il faut savoir sur cette nouvelle plateforme, venue voler dans les plumes de X (ex-Twitter).

Threads, qu’est-ce que c’est ?

Pour lancer son nouveau produit, Meta a soigné son teasing. Dès mi-mars, l’entreprise a annoncé travailler sur un réseau social, alors décrit comme «décentralisé et indépendant permettant de partager des messages écrits en temps réel». Son nom : Threads. Littéralement «fils de discussion» en français. Rendue disponible le 4 juillet en précommande gratuite sur les magasins d’applications mobiles pour iPhone et Android, la plateforme est officiellement lancée le 6 juillet dans plus de cent pays, dont les Etats-Unis, le Royaume-Uni, l’Australie, le Canada et le Japon. Et dès ses premières heures, elle voit 10 millions de curieux affluer pour s’y inscrire.

Concrètement, Threads consiste en un site de «microblogging» associé à Instagram. Dans son fonctionnement, tout (ou presque) rappelle celui de X, en perdition depuis son rachat par le milliardaire Elon Musk il y a un an. Fils de discussions, messages de 500 caractères, likes, partage de vidéos, de photos, abonnements à d’autres comptes… Le site a vu son catalogue de fonctionnalités fleurir au fil des semaines et permet désormais aussi de modifier des posts déjà publiés ou d’opérer des recherches par mots-clés. Petite différence toutefois avec son rival : il ne permet pas encore d’envoyer des messages privés à d’autres internautes.

Pourquoi était-il indisponible en Europe ?

Meta avait mis Threads en ligne dans le reste du monde en juillet mais avait préféré retarder son arrivée dans l’UE afin de se laisser le temps d’étudier l’implication des règlements européens. «Afin de se conformer à la régulation européenne», le groupe a proposé une option supplémentaire réservée aux utilisateurs de l’UE et de l’Espace économique européen. Là où les autres internautes du monde entier sont obligés de posséder un compte Instagram pour s’inscrire, les utilisateurs européens eux n’y sont pas tenus. Mais font toutefois face à un panel réduit de fonctionnalités.

«Les citoyens de l’Espace économique européens (les 27 de l’UE, la Suisse, l’Islande, la Norvège et le Liechtenstein) pourront choisir de créer un profil Threads lié à leur compte Instagram, ce qui leur permettra de bénéficier de la même expérience que tous les autres citoyens du monde, ou d’utiliser Threads sans profil» mais en ce cas «sans pouvoir interagir avec le contenu», précise Meta ce jeudi. Ces utilisateurs sans profil pourront «parcourir le contenu de l’application Threads, rechercher des comptes, partager du contenu via la copie de liens ou le partage de plateforme, et signaler le contenu de Threads».

Threads peut-il vraiment concurrencer X ?

Aux côtés de Bluesky et de Mastodon, Threads s’inscrit donc parmi ces plateformes rêvant de rafler la mise délaissée par X. En effet, depuis son rachat par Musk, l’entreprise est en plein déclin. Miné par les publications haineuses et les fausses informations, X aurait perdu des dizaines de millions d’utilisateurs. Et fait fuir la plupart de ses gros annonceurs. Tant et si bien que, selon Reuters, la société acquise pour 44 milliards de dollars n’en vaudrait plus que 8.

Au milieu de cette conjoncture, l’entrée en jeu d’un compétiteur, a fortiori du fait de son rival de toujours Mark Zuckerberg, n’a pas particulièrement ravi Elon Musk. Mauvais joueur, le patron de Tesla a, en juillet, menacé d’attaquer le fondateur de Facebook en justice. Il l’accusait notamment d’avoir enfreint des secrets industriels et le droit de la propriété intellectuelle en recrutant des dizaines d’anciens employés de Twitter pour lancer Threads. En incorrigible showman, il lui proposait même de l’affronter lors d’un combat de MMA en cage. Qui finalement (et tant mieux) ne verra jamais le jour.

Si, dans ses premières heures, Threads a connu un lancement en fanfare en atteignant les 100 millions d’inscrits dès sa première semaine, l’emballement se serait tout de même tassé depuis. Désormais, le site compte 100 millions d’utilisateurs actifs par mois, là où X en revendique toujours 220 millions. Reste à voir si les internautes européens opteront pour le fil encore fragile de Mark Zuckerberg ou continueront de tirer sur la corde bien usée d’Elon Musk.