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Analyse

Sam Altman et l’IA : la victoire des «pressés» face aux «prudents»

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La réintégration, mercredi, du prodige d’OpenAI, quelques jours après son licenciement, marque le triomphe d’un modèle lucratif face à ceux qui s’inquiètent des dérives potentielles de cette technologie.
Sam Altman, lors d’une audition au Sénat américain, le 16 mars. (REA)
publié le 22 novembre 2023 à 21h15

Helen Toner n’est pas connue pour mâcher ses mots, ni pour accepter de se faire recadrer. Vendredi l’Australienne de 31 ans, spécialiste de l’intelligence artificielle et membre du conseil d’administration d’OpenAI, se trouvait en visioconférence dans la foulée du licenciement du PDG Sam Altman, décidé avec trois autres administrateurs de la start-up ayant créé ChatGPT. Le directeur de la stratégie Jason Kwon lui a alors reproché d’avoir mis en danger l’entreprise, et donc manqué à son devoir d’administratrice. Argument balayé par Helen Toner : chargée avec le board de veiller à ce que l’IA «profite à l’ensemble de l’humanité», elle a répliqué qu’une éventuelle destruction d’OpenAI n’enfreindrait nullement son rôle.

Savoureuse, l’anecdote, rapportée par le New York Times, illustre les tensions qui agitent le milieu de l’intelligence artificielle depuis des années. Celles qui opposent les partisans d’un développement rapide des algorithmes, en les rendant publics dès que possible, à ceux qui voudraient qu’on avance à pas plus mesurés et plus sécurisés, en les expérimentant d’abord en laboratoire. C’est le match des «pressés» face aux «prudents». Aube d’une révolution pour les uns ou «moment Oppenheimer», en référence à l’inventeur de la bombe atomique prenant conscience du pouvoir destructeur