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Theranos : Elizabeth Holmes, reine des mythos de la Silicon Valley, risque 15 ans de prison

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Avec une seule goutte de sang, elle prétendait pouvoir réaliser des centaines d’analyses. Les procureurs ont requis 15 ans de prison contre celle qui a été reconnue coupable de fraude en janvier. Verdict la semaine prochaine.
Elizabeth Holmes, PDG de Theranos, à sa sortie du tribunal de San José en Californie, le 21 décembre. (Tony Avelar/AP)
publié le 4 janvier 2022 à 7h27
(mis à jour le 12 novembre 2022 à 18h36)

Sur le plateau télé à l’ambiance feutrée de Fortune Magazine, la voix grave, pénétrante, d’Elizabeth Holmes subjugue. Ses grands yeux d’un bleu profond fixent sans vaciller un horizon radieux qu’elle affirme pouvoir atteindre avec son nouveau produit. Une seule goutte de sang prélevée sur le bout d’un doigt, explique-t-elle, c’est tout ce qu’il faut à son invention, l’Edison, pour réaliser des centaines d’analyses médicales en tous genres. Dans un temps record. A un coût record.

Dans un pays où plus de 40 % de la population renoncerait à se faire soigner ou à suivre un examen médical pour des raisons financières, sa trouvaille est célébrée en grande pompe. Le visage de cette jeune femme blonde, qui se dit phobique des piqûres, fleurit sur les unes de Fortune Magazine, Forbes et Business Week en cette année 2014. On vante son intelligence, son charisme, son jeune âge (même pas la trentaine à l’époque). Grâce à elle, les gens pourront bientôt faire leurs analyses entre deux courses ou à domicile. Des vies seront sauvées et plus jamais, selon la formule martelée par l’entrepreneuse, personne n’aura à «dire au revoir trop tôt» à un proche. «Prodige», c’est le terme qu’emploie l’ancien président Bill Clinton pour la qualifier. Joe Biden, alors vice-président d’Obama, préfère celui de «visionnaire». Problème : son entreprise Theranos, alors valorisée à 9 milliards de dollars, est entièrement construite sur